18 march 2016 |
La Revue POLYTECHNIQUE 01/2016 |
Biotechnology
Les secteurs biotechnologiques et pharmaceutiques alignent les records
Les entreprises actives dans l’industrie biotechnologique et pharmaceutique sont actuellement lancées dans une course aux records, ainsi que le montrent deux nouvelles études d’EY. La capitalisation boursière du secteur de la biotechnologie a franchi le seuil de 1000 milliards de dollars en 2014 et les bénéfices nets ont connu une envolée de 231 %, s’établissant à un plus haut historique de 14,9 milliards de dollars.
Aux Etats-Unis et en Europe, les sociétés de biotechnologie ont investi en 2014, 20 % de plus dans la recherche et le développement et ont levé des fonds pour un montant record de 54,3 milliards de dollars dans le cadre de 94 introductions en bourse. Les 20 plus grandes entreprises du secteur des sciences du vivant ont vu leur chiffre d’affaires progresser de 3,9 % et leur bénéfice avant intérêts et impôts (EBIT) de 6,3 %. Les spécialistes d’EY considèrent que la fièvre des rachats devrait perdurer et la fenêtre des introductions en bourse (IPO) rester grande ouverte. La pression exercée sur les prix par les caisses maladie et l’émergence des médicaments biosimilaires constituent des enjeux majeurs pour l’industrie.
Le secteur mondial de la biotechnologie a atteint un nouveau sommet en 2014, battant des records en termes de bénéfices, de chiffres d’affaires, de financements et de dépenses de recherche. Suite à cette évolution favorable, au succès de nouvelles thérapies efficaces et à l’augmentation du nombre d’autorisations de mise sur le marché, la capitalisation boursière de l’ensemble du secteur a atteint le niveau record de 1063 milliards de dollars, ainsi que le révèle le rapport publié par la société d’audit et de conseil EY: Beyond borders: Reaching new heigths.
Voici un aperçu des principaux résultats du 29e rapport biotech d’EY:
Progression impressionnante du chiffre d’affaires
Les entreprises des centres de biotechnologie étudiés par EY aux Etats-Unis, en Europe, au Canada et en Australie ont totalisé 123 milliards de dollars de chiffres d’affaires, soit une hausse de 24 % par rapport à 2013.
Envolée des bénéfices
Le bénéfice net a progressé de 231 % par rapport à l’année précédente, atteignant un plus haut historique de 14,9 milliards de dollars. Par comparaison avec la période de 2009 à 2012, le bénéfice net du secteur en 2014 a été dopé par les excellents chiffres des ventes dus à l’introduction de nouveaux produits sur le marché.
Augmentation des dépenses de R&D
La recherche et le développement (R&D) est un indicateur essentiel de la robustesse et de l’évolution future du secteur. Engendrées principalement par les entreprises de petite taille, les dépenses de R&D ont augmenté de 20 % en 2014.
Collecte de fonds record
En 2014, les fonds levés par les entreprises de biotechnologie aux Etats-Unis et en Europe s’élevaient à 54,3 milliards de dollars, soit une hausse de 72 % par rapport à l’année 2013, déjà faste. Les capitaux propres levés par les entreprises dont le chiffre d’affaires est inférieur à 500 millions de dollars sont un important indicateur de la viabilité des jeunes entreprises de biotechnologie. Ce capital dit «d’innovation» a atteint le niveau historique de 27,6 milliards de dollars, soit une hausse de plus de 120 % par rapport à la moyenne enregistrée durant la période de 2009 à 2012.
Fenêtre IPO grande ouverte
Quatre-vingt-quatorze entreprises de biotechnologie américaines et européennes ont fait leur entrée en bourse en 2014, battant ainsi le record des 79 introductions de l’année 2000. Le montant des capitaux levés lors de ces entrées en bourse (6,8 milliards de dollars) n’a été dépassé qu’en 2000, au plus fort de la bulle spéculative entourant la génomique. Les introductions en bourse n’ont toutefois pas toutes rencontré le même succès. Les sociétés européennes nouvellement cotées au Nasdaq en 2014 affichaient toutes, en fin d’année, un cours inférieur à celui de la date de leur entrée en bourse. En revanche, les sociétés américaines ont, dans l’ensemble, progressé, quatre d’entre elles ayant même vu leur capitalisation boursière plus que doubler. L’évaluation des dossiers d’introduction en bourse révèle aussi que les coûts d’une entrée au Nasdaq sont plus de deux fois supérieurs à ceux d’une entrée à une bourse européenne.
Décollage rapide du nombre d’autorisations de mise sur le marché
L’agence fédérale américaine chargée des produits alimentaires et pharmaceutiques (FDA) s’efforce d’introduire sur le marché de nouveaux médicaments possédant différentes propriétés. En 2014, elle a autorisé la commercialisation de 41 nouveaux produits, contre seulement 27 en 2013.
Boom des activités d’acquisition
Suite au regain d’intérêt pour les acquisitions qui s’est fait jour dans les grands groupes pharmaceutiques en 2014, le volume des transactions de fusions et acquisitions (M&A) dans le secteur des biotechnologies s’est hissé à son plus haut depuis dix ans. Au total, on a dénombré 68 transactions M&A, pour une valeur totale de 49 milliards de dollars; un grand nombre de ces transactions ont été opérées entre entreprises de biotechnologie.
Une nouvelle ère de l’innovation biotechnologique
«L’évolution favorable du secteur mondial de la biotechnologie inaugure une nouvelle ère de l’innovation biotechnologique, qui s’avère prometteuse à long terme, tant pour les investisseurs que pour les patients. Les investisseurs restent optimistes et s’engagent massivement dans des entreprises de petite taille. De leur côté, les patients bénéficient de nouveaux produits, qui leur procurent guérison et soulagement», telle est la conviction de Jürg Zürcher, responsable du secteur des biotechnologies Europe, Moyen-Orient, Inde et Afrique chez EY.
Mais le succès n’a pas que des avantages. En effet, le nombre sans précédent d’autorisations de médicaments issus des biotechnologies génère aussi une importante pression sur les prix et une forte concurrence. Les entreprises doivent continuellement apporter la preuve de la valeur ajoutée promise par leurs produits et de leur contribution au développement durable général de la santé. «Les caisses maladie ne rembourseront plus que les coûts des médicaments les plus efficaces. En conséquence, les sociétés doivent avoir pour objectif de développer la thérapie la plus efficace pour une indication spécifique ou de nouveaux médicaments pour des maladies non encore traitées. Aussi la consolidation au sein du secteur et la restructuration des portefeuilles vont-elles se poursuivre», explique Jürg Zürcher, commentant l’évolution du secteur.
La montée en puissance des médicaments biosimilaires, copies des médicaments issus des biotechnologies, constitue à ses yeux un autre défi. «Les entreprises de biotechnologie matures doivent chercher de nouvelles sources de croissance à moyen terme. Mais la croissance par fusion et acquisition devrait s’avérer de plus en plus chère et de plus en plus difficile, étant donné que les candidats au rachat de qualité se font plus rares», ajoute Jürg Zürcher.
Les spécialistes d’EY ont également examiné le bilan des 20 plus grandes sociétés des secteurs de la biotechnologie et de l’industrie pharmaceutique. Les principaux résultats sont les suivants:
Croissance du chiffre d’affaires et des bénéfices
Le chiffre d’affaires cumulé des entreprises du top 20 dans le domaine des médicaments et thérapies a progressé de 3,9 % pour s’établir à 351 milliards d’euros. Le plus gros chiffre d’affaires a été réalisé par Pfizer, devant Roche et Merck & Co. Le résultat opérationnel avant intérêts et impôts (EBIT) de l’ensemble des groupes a progressé de 6,3 % à près de 120 milliards d’euros. En 2013, l’EBIT était encore en baisse. L’EBIT le plus élevé a été enregistré par Johnson & Johnson, devant Roche et Pfizer.
Dépenses de R&D à un haut niveau
La part des dépenses de recherche est en léger recul, à 18 %, contre 19 % en 2013. Mais cette évolution s’explique avant tout par le fait que les dépenses étaient déjà à un très haut niveau et que d’autres secteurs ont une longueur d’avance. De plus, les entreprises misent davantage sur l’attribution de mandats de recherche externes, auxquels elles prêtent un plus grand potentiel d’innovation.
Pipeline de produits de qualité
Les groupes possèdent encore dans leur pipeline un grand nombre de nouvelles substances actives, qui devraient être des vecteurs de croissance à l’avenir. Au total, 3592 substances actives étaient en phase de développement ou d’autorisation en 2014 (contre 2768 l’année précédente). Toutefois, le nombre de molécules dans les dernières phases de développement était en recul. De nouvelles méthodes, telles que les biomarqueurs et les outils de diagnostic, permettent aujourd’hui de mettre fin aux projets peu prometteurs à un stade plus précoce.
«Les grands groupes pharmaceutiques ont eu fortement le vent en poupe en 2014 et de plus en plus d’entreprises de biotechnologie se mêlent à leurs rangs, dans le peloton de tête», déclare Jürg Zürcher. «En 2014, les entreprises ont tiré profit de la mise en œuvre réussie de mesures de réduction des coûts et de restructurations et amélioré leur rentabilité. Elles ont procédé à un nettoyage par le vide, se sont séparées des domaines d’activité n’appartenant pas à leur cœur de métier et ont investi de manière ciblée dans les domaines touchant aux substances actives prometteuses. Tournant le dos à l’approche précédente axée sur une vaste structure de groupe et un portefeuille de substances actives diversifié, elles se recentrent sur leurs points forts. Cette tendance va continuer à alimenter le boom des rachats», ajoute Jürg Zürcher.
Explications relatives au rapport biotech
Les principaux résultats de ce rapport reposent sur une analyse menée par EY portant sur les entreprises dont la commercialisation des biotechnologies modernes constitue le cœur de métier. Dans ce contexte, EY s’est limitée aux entreprises de biotechnologie établies dans des centres biotech d’Amérique du Nord, d’Europe et d’Australie.
La biotechnologie moderne utilise la technologie génétique et d’autres procédés de biologie moléculaire pour produire des médicaments, des diagnostics et des produits chimiques spéciaux ainsi que des plantes et des animaux transgéniques. L’enquête initiale est basée sur un sondage mené chaque année auprès d’entreprises ainsi que sur des informations publiques (rapports annuels, sites Internet, etc.). Elle est éventuellement complétée par des données provenant de sources externes (BioCentury, Capital IQ, Medtrack, VentureSource et Thompson), ainsi que de sources d’information régionales. Les sources spécifiques sont indiquées sous les illustrations du rapport.
http://www.ey.com/beyondborders
Explications relatives à l’analyse du bilan des top 20
L’analyse menée pour cette étude portait sur les secteurs pharmaceutique et biotechnologique des 20 valeurs les plus actives de la cote à l’échelle mondiale. Aucune activité étrangère à ce secteur n’a été prise en compte dans l’analyse. Les rapports annuels et les communiqués de presse des entreprises ainsi que les documents publics de la U.S. Securities and Exchange Commission font fonction de sources. Les informations se rapportent aux exercices 2012, 2013 et 2014.
À propos de l’organisation mondiale EY
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