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14 june 2015 | La Revue POLYTECHNIQUE 06/2015 | Économie

L’industrie suisse de l’aluminium: résultats et perspectives

Essentiellement tournée vers l’exportation, l’industrie de l’aluminium suisse revient sur une année 2014 satisfaisante. Les nouvelles commandes de l’ensemble du secteur du transport ont assuré un bon rendement, en particulier l’industrie automobile et aéronautique. Suite à la décision de la BNS en janvier 2015, les carnets de commande bien remplis jusqu’alors, ont connu une forte baisse.
En prenant en compte tous les marchés, la forte compétitivité des fournisseurs d’Europe et d’Asie a donné du fil à retordre à l’industrie suisse de l’aluminium en 2014. En outre, la hausse des prix des métaux bruts a conduit des clients à hésiter pour conclure des contrats à long terme, et à faire pression sur les marges. Il faut cependant constater que, dans l’ensemble, l’industrie suisse de l’aluminium se trouve sur une bonne voie.

Grâce à des constructions complexes en fonte d’alliages ultra légers afin de réduire le poids et les émissions de CO2, avec des surfaces anodisées de haute technicité, de nouveaux contrats ont pu être obtenus l’année dernière, ainsi qu’une augmentation de la production dans l’industrie automobile, la construction aéronautique, les véhicules utilitaires et ferroviaires.
 
Un aperçu des différents secteurs
La demande du secteur du bâtiment s’est également maintenue à un bon niveau. En particulier les affineurs de surfaces du secteur de l’aluminium enregistrent sur ce marché un net redressement par rapport à l’année précédente.
Un fléchissement de la croissance a été ressenti dans le secteur des emballages pour produits en récipients ou sachets, tandis que la demande pour les solutions « self-service» et «plats cuisinés» de l’industrie alimentaire et des boissons, ainsi que des collations alimentaires aux emballages «prêts à partir», ont encore connu un important développement. Les nouvelles commandes du génie mécanique et électronique, ainsi que du marché du textile, se sont aussi stabilisées à un niveau faible en 2014.
La production des laminoirs et pressoirs suisses a connu une augmentation de 9 %, à 252’800 tonnes par rapport à l’année précédente. Cet accroissement a pu être atteint grâce aux chiffres de production nettement plus élevés de matériels semi-finis en aluminium dans le domaine des pressoirs, parce que le secteur automobile tourne à plein et toujours davantage de constructeurs misent sur l’aluminium.
Chez les fondeurs suisses de métaux légers, les tonnages traités ont augmenté de 9,4 % pour atteindre 17’120 tonnes en 2014. Le moulage en sable de métal léger a connu une croissance de plus de 28,5 % pour arriver à 2770 tonnes. Pour le moulage sous pression, cette hausse a été de 10,8 % à 12’340 tonnes. Le moulage en coquille a enregistré un recul de 14,6 % à 2010 tonnes. L’ensemble de l’utilisation de l’aluminium au niveau national a baissé de 4,8 % à 219’200 tonnes – ce qui correspond à 27,2 kg d’aluminium par personne en Suisse.
 
Chute des commandes suite à la décision de la BNS
En janvier, l’année en cours a encore débuté pour l’industrie de l’aluminium, avec un bond de 17 % concernant les entrées de commandes pour les produits pressés, par rapport au même mois de 2014. «Mais après l’abandon du cours plancher, les passations de commandes se sont massivement effondrées au premier trimestre 2015, affichant un recul total de 5 % par rapport à la même période de l’année dernière pour les produits pressés», constate Marcel Menet, directeur de l’organisation interprofessionnelle alu.ch.
Selon un sondage effectué auprès des membres du comité, la pression concurrentielle et sur les marges a brusquement augmenté après la décision de la BNS. Pour compenser les pertes qui se chiffrent en millions et produire en couvrant les coûts, la capacité de production devrait être adaptée dans une partie des entreprises membres, en réduisant les postes de travail. «Jusqu’à maintenant, près de 200 emplois ont été concernés cette année. Actuellement 10’500 collaborateurs sont employés dans l’industrie de l’aluminium suisse», a expliqué Marcel Menet.
Pour le maintien de ces emplois, l’automatisation de la fabrication est activée dans les usines suisses. Par ailleurs, les entreprises traitant l’aluminium investissent durablement dans le développement complexe de constructions en aluminium prêtes à installer, en lieu et place de livraisons de semi-produits. Là où ce n’est pas encore fait, le déplacement de la fabrication en série se fait en partie dans des lieux de production situés dans des pays à moindre coûts, surtout en Europe de l’Est. Des coopérations sont également examinées.
 
Un défi pour l’avenir
Selon l’avis des comités fédératifs, l’avenir de l’industrie de l’aluminium suisse se trouve dans ces «solutions mixtes», ainsi que dans la spécialisation sur des produits ayant une forte valeur ajoutée et un service client développé. Même si ces mesures portent déjà leurs fruits et si les clients seraient d’accord pour payer plus cher pour le savoir-faire suisse et la qualité, il est difficile de faire un pronostic pour l’évolution de l’année en cours. «Actuellement, tout dépend de l’effort des différentes entreprises pour pouvoir digérer cette traversée du désert financière, déclenchée par les réductions de marges, jusqu’au moment où les conditions cadres extérieures s’amélioreront», résume Markus Tavernier, président d’alu.ch et directeur de la Coopérative IGORA.
 
Un matériau ayant un bilan écologique positif
L’aluminium peut être réutilisé aussi souvent que désiré sans perte de qualité. Face à la première fabrication de bauxite, le recyclage de l’aluminium économise jusqu’à 95 % d’énergie. C’est d’autant plus intéressant que la disposition à collecter de la population suisse est toujours aussi importante. Plus de 1,4 kg d’emballages en aluminium ont été collectés par habitant en 2014, ce qui correspond à une quantité totale de près de 11’000 tonnes. Des centaines de milliers de collecteurs d’aluminium contribuent à ce brillant résultat.