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11 december 2015 | La Revue POLYTECHNIQUE 10/2015 | Machine tools

Machines-outils de précision: une seconde vie

Edouard Huguelet

La société Seuret SA de Delémont célèbre cette année le jubilé de ses cinquante ans d’activité. Entreprise fondée à l’origine en nom propre à Perrefitte par Armand Seuret en 1964 et ne comptant à l’origine que trois collaborateurs, elle s’est développée pour finalement s’établir à Delémont  au début de cette année, après avoir été acquise par Georges et Raphaël Humard, administrateurs de HUMARD Automation SA.
Armand Seuret, natif de Châtillon (dans le Jura) créa en 1964, en compagnie de trois collaborateurs, une petite affaire prospère avec pour activité principale la maintenance et la révision de tours automatiques à cames à poupée mobile. Il faut être conscient que Perrefitte est un petit village sis à proximité immédiate de Moutier, berceau de l’industrie des tours automatiques à poupée mobile, avec des marques célèbres dans le monde entier, telles que Tornos, Bechler et Petermann.

Juste pour l’anecdote, Armand Seuret était féru de tir au fusil (arme de guerre) et fut même sacré champion du monde de cette discipline au Caire, le 16 octobre 1962.
 
 

De Perrefitte à Delémont
En 1966, Michel Mérillat entre dans l’entreprise puis s’associe à Armand Seuret dans les années 1980, pour finalement reprendre entièrement l’affaire à son compte en 1998, transformant du même coup la société en nom collectif (Armand Seuret & Cie) en société anonyme sous le nom de Seuret SA, puis l’installant dans de nouveaux locaux en ville de Moutier, à Bellevue 14. Il apporte aussi des idées nouvelles débouchant sur des produits ingénieux, notamment des appareils à polygoner et à fraiser s’adaptant sur les machines à cames, pour accroître la diversité des opérations réalisables sur ce genre de machines.
Par la suite, Michel Mérillat poursuivit le développement de l’entreprise, tirant profit de son expérience et de celle de ses collaborateurs, pour mettre récemment au point un tour automatique CNC à poupée mobile, actuellement fabriqué et commercialisé par HUMARD Automation SA. Ce développement aboutit assez naturellement en 2011 à la reprise de l’entreprise et de son personnel par MM. Georges et Raphaël Humard, propriétaires de HUMARD Automation SA et New-Ingenia SA à Delémont. Derechef, les nouveaux propriétaires décident de construire un bâtiment adéquat pour héberger les activités de la société, à proximité des autres unités du groupe, en zone industrielle sud de Delémont. La nouvelle usine, à la fois esthétique et rationnelle, d’une surface utile de 2000 m2, vient par ailleurs d’être inaugurée officiellement le 26 juin 2015, en présence des autorités régionales, clients et fournisseurs.
 
A l’atelier de révision et montage.
Tour automatique avant révision.
 

Productivité multipliée pour les machines révisées
Actuellement, la société Seuret SA compte treize employés, parmi lesquels six mécaniciens, un apprenti mécanicien et trois gratteurs. Le grattage constitue une spécialité de plus en plus rare actuellement, faudrait-il préciser. En effet, l’opération manuelle de grattage est irremplaçable pour l’obtention de surfaces de glissement optimales pour les coulisses et glissières de machines-outils.
L’entreprise continue comme par le passé à réviser et moderniser des tours automatiques à cames, essentiellement des tours monobroches à poupée mobile de marque Tornos. «ll y a des milliers de ces machines en exploitation dans le monde entier et qui n’attendent qu’une bonne révision générale pour entreprendre une nouvelle carrière», affirme Carlos Cancer, directeur général de la société.
 
>>  Il y a des milliers de ces machines en fonction dans le monde entier qui n’attendent qu’une bonne révision générale pour entreprendre une nouvelle carrière.  <<
 
Carlos Cancer
 

Par révision, il faut entendre un démontage complet de la machine, réparer et souvent ré-usiner (voire même remplacer) des composants, gratter les coulisses et les glissières, changer les roulements, refaire la peinture et finalement ajuster toute cette mécanique au micron près pour que la machine ainsi révisée soit capable d’usiner des pièces de façon rentable et avec une très haute précision.
Dans le cadre de la révision des machines, des perfectionnements sont apportés au niveau de la motorisation, avec l’adaptation de moteurs asservis pour l’entraînement à vitesse variable de l’arbre à cames, afin de supprimer des temps morts et établir des vitesses de coupe optimales pour chaque opération particulière. A cet effet les machines sont dotées de commandes électroniques spécifiques (jusqu’à 20 lignes de programmation). Les machines révisées sont livrées avec un protocole de contrôle géométrique. Autres activités: la fourniture de pièces de rechange (notamment les pièces d’usure) et le dépannage de machines.
 
Tour automatique après révision.
Machine à tailler les pignons, révisée.
Porte-outils Piranha modèles 41 et 46 pour tours automatiques.
 
Des décolleteuses «boostées»
«Des machines ainsi révisées peuvent usiner des pièces de grande précision avec des taux de productivité accrus d’un facteur de deux ou plus par rapport à leur version d’avant révision», précise Carlos Cancer. Les machines ainsi transformées sont essentiellement dédiées à l’usinage de pièces de complexité simple à moyenne, produites en grandes ou très grandes séries.
Cette productivité peut être accrue par l’adjonction d’appareils à façonner multiformes Piranha, qui s’adaptent sur le combiné des machines. Ces derniers sont spécialement conçus pour l’usinage des formes polygonales et le filetage en plongée. Évitant des reprises compliquées et coûteuses, ils conviennent particulièrement pour les filetages courts «à fleur des faces», ce qui est particulièrement apprécié en horlogerie.
Ces accessoires sont non seulement destinés à des machines Tornos M4, T4 et à des machines M7, MS7, R10 et NA12 du même constructeur, mais également à des décolleteuses originales Bechler AS7 et AR10. L’entraînement de ces accessoires peut s’effectuer par courroie crantée (reprenant la vitesse de rotation de la broche) ou en option, par moteur autonome.
 
Boîtier de commande de machine révisée.
 

Diversification
Seuret SA diversifie ses activités en proposant la révision complète de machines à rouler les pivots Strausak ainsi que de machines automatiques à tailler les roues et pignons Strausak et Wahli. Pour ces dernières, les secteurs concernées sont essentiellement l’horlogerie et la micromécanique.
La société Seuret SA s’emploie aussi à simplifier la maintenance des machines, en adaptant par exemple sur la tailleuse Wahli un groupe de commande hydraulique moderne, sur des éléments standardisés, en lieu et place du bloc hydraulique d’origine.