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02 december 2019 | La Revue POLYTECHNIQUE

Michel Mayor et Didier Queloz lauréats du Prix Nobel de physique

Les professeurs Michel Mayor et Didier Queloz se sont vu décerner le Prix Nobel de physique 2019 pour leur découverte de la première exoplanète en 1995. Ils partagent ce prix avec l’Américain James Peebles pour des découvertes théoriques en cosmologie.
Le Prix Nobel de physique récompense cette année les professeurs Michel Mayor et Didier Queloz pour la découverte de la première exoplanète en orbite autour d’une étoile, ainsi que le cosmologue américain James Peebles pour des découvertes théoriques en cosmologie, a annoncé le mardi 8 octobre, Göran Hansson, secrétaire général de l’Académie royale des sciences de Suède. Le prix va pour moitié à James Peebles et pour l’autre moitié conjointement à Michel Mayor et Didier Queloz.

Les chercheurs suisses Michel Mayor et Didier Queloz sont à l’origine de la découverte en 1995 de 51 Pegasi b, la première planète orbitant autour d’une étoile autre que le Soleil. Quant à l’Américain James Peebles, il a créé en 20 ans un cadre théorique permettant de comprendre l’histoire de l’Univers, du Big Bang jusqu’à aujourd’hui, a précisé le comité Nobel. C’est grâce à ce modèle théorique que les chercheurs ont compris comment nous sommes passés du Big Bang à l’Univers actuel, «posant les fondations pour une transformation de la cosmologie, des spéculations jusqu’à la science», a précisé le Comité Nobel.
 
(Source: Comité Nobel)
 
 
Quatre mille exoplanètes plus tard, un Nobel de physique
Le 6 octobre 1995, Michel Mayor, professeur à l’Observatoire de la Faculté des sciences de l’Université de Genève (UNIGE) et son doctorant Didier Queloz, révolutionnaient le monde de l’astrophysique en annonçant la découverte de la première planète située en-dehors de notre Système solaire. Depuis lors, les recherches n’ont cessé de se développer et l’on recense aujourd’hui plus de 4000 exoplanètes.
«C’est une fantastique reconnaissance du travail accompli par Michel Mayor et Didier Queloz. Elle témoigne de la qualité de leur démarche scientifique, de sa rigueur, mais aussi d’une créativité et d’une capacité à penser – et chercher – hors des chemins balisés, qui sont à la source des plus grandes découvertes. C’est une nouvelle formidable également pour notre Université, pour Genève et pour toute la Suisse, qui voit la qualité de sa recherche récompensée au plus haut niveau», a déclaré, enthousiaste, Yves Flückiger, recteur de l’Université de Genève.
 
Un bref retour en arrière
Il y a 24 ans, Michel Mayor et Didier Queloz annoncèrent, lors d’une conférence scientifique à Florence, avoir découvert la première planète située hors du système solaire: 51 Pegasi b, aussi nommée Dimidium. «Personne ne savait si les exoplanètes existaient ou non; des astronomes prestigieux les cherchaient depuis des années… en vain !» se rappelle Michel Mayor.
En effet, les technologies pour permettre une telle découverte n’existaient pas encore à l’époque. Il faudra attendre le spectrographe Elodie, mis en service en 1993 sur un télescope de 2 m de diamètre en Haute-Provence. Grâce à la précision de ses mesures, Michel Mayor et Didier Queloz repérèrent en 1994, un objet stellaire faisant le tour de son étoile en 4,2 jours. «Nous étions tellement excités à l’idée d’avoir trouvé une exoplanète ! Mais il nous fallait d’abord confirmer nos observations avant de révéler quoique ce soit», raconte Didier Queloz.
En juillet 1995, les deux astrophysiciens n’ont plus aucun doute: ils viennent de découvrir la première exoplanète ! «Cette découverte est la plus excitante de toute notre carrière, et qu’elle soit récompensée par un Prix Nobel, c’est tout simplement extraordinaire», s’émeuvent les deux astrophysiciens.
 
La vie se cache-t-elle sur les exoplanètes ?
Les outils actuels – tels le satellite CHEOPS ou encore le nouveau spectrographe ESPRESSO construit à Genève et installé sur le Very Large Telescope (VLT) de l’Agence spatiale européenne au Chili – ouvrent de nouvelles perspectives dans la recherche d’exoplanètes. Il s’agit maintenant d’analyser de près ces systèmes planétaires, notamment leur origine, leur évolution et leurs caractérisations physiques et chimiques. Cette tâche revient notamment au Pôle de recherche national (PRN) PlanetS, qui réunit les centres d’excellence consacrés à l’étude des exoplanètes, dont l’UNIGE est un pilier.
Ces recherches cachent également l’espoir de déceler une vie extraterrestre. Le nombre gigantesque de systèmes planétaires – estimé à des dizaines de milliards – permet aux astrophysiciens de croire en l’existence d’autres mondes évoluant dans des conditions favorables à l’éclosion de la vie. Si l’on considère que les organismes évoluent de la même manière que sur Terre, la présence de gaz carbonique et d’eau indiquera que la planète est habitable. Si l’on y trouve de l’ozone, ce sera la preuve qu’elle est habitée. Toutefois, il ne s’agit pour le moment que d’une hypothèse.
 
Michel Mayor
Professeur honoraire
Faculté des sciences UNIGE
Michel.Mayor@unige.ch
Tél. 022 369 17 95
      078 801 40 04
 
Didier Queloz
Professeur au Département d’astronomie
Faculté des sciences UNIGE
Professeur à l’Université de Cambridge
Tél. +44 122 333 708 83
      +44 77 460 108 90
(Source: Comité Nobel)