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15 june 2017 | La Revue POLYTECHNIQUE

Rétrospective (6-7/2017) – La Revue en 1947

L’énergie atomique est-elle
rentable ?
Aux Etats-Unis l’énergie atomique a fait l’objet d’une étude fouillée qui présente le plus vif intérêt. On y relève, entre autres, que les timides essais d’usines atomiques en cours ne résolvent nullement le problème. L’énergie atomique en est encore au stade explosif et son utilisation industrielle exigera vraisemblablement un demi-siècle environ. Mais même vers l’an 2000, il est très peu probable qu’elle puisse se substituer à l’électricité, infiniment plus souple puisque transformable immédiatement en chaleur, lumière, force motrice, ondes de toute nature, etc. En revanche, il est extrêmement souhaitable que le processus de désintégration de l’atome, rendu inoffensif et rentable par des procédés inconnus aujourd’hui, soit capable de supplanter la houille et les huiles lourdes à titre de source calorifique, ce qui permettrait de réserver le charbon à l’industrie chimique qui en consomme des quantités considérables.
Ajoutons que c’est aussi là l’opinion d’un savant français des plus connus qui voit l’avenir lointain de l’énergie atomique, d’une part, dans sa transformation en électricité en cas d’absence de ressources hydrauliques et, d’autre part, dans la création de nouveaux éléments devant permettre de lutter plus efficacement contre certaines maladies, notamment le cancer. Quant aux bouleversements que cette substitution entraînerait dans l’économie mondiale des combustibles, on peut s’en faire une idée en sachant qu’un seul kilo d’uranium serait à même de remplacer 3300 tonnes de charbon !
 
À propos des restrictions d’électricité
La pénurie de courant qui sévit dans l’Europe entière et même aux Etats-Unis, n’a pas épargné notre pays où davantage encore qu’ailleurs, la consommation d’électricité a augmenté dans des proportions telles que personne ne pouvait les prévoir. Alors que pendant le semestre d’hiver 1938-1939 elle avait été de 750 millions de kWh dans les ménages et l’artisanat, elle a dépassé 1600 millions de kWh durant la même période 1945-1946.
Depuis septembre dernier, la sécheresse persistante paralyse toujours davantage le fonctionnement des usines au fil de l’eau, de sorte que la réserve constituée par les lacs artificiels qui alimentent nos usines à hautes chute a dû être mise à contribution dans une plus large mesure que d’habitude. Aussi cette réserve n’est-elle plus maintenant que de quelques semaines. C’est pourquoi le renforcement des restrictions s’est avéré nécessaire.
Nos réserves continuent donc à s’amenuiser tant qu’un redoux ne se fait pas sentir. Seule une période prolongée de pluie ou la fonte de grosses quantités ne neige peut nous éviter les bouleversements qu’une pénurie grandissante de courant ne manquerait pas de provoquer dans notre vie économique, bouleversements dont presque tous les pays, à commencer par la France, pâtissent malheureusement aujourd’hui.