Rétrospective (1/2019) – La Revue en 1899

La concurrence entre la machine et l’homme
Zoroastre, le célèbre réformateur mythique du mazdéisme, habile à prévoir les faits et à résoudre les questions les plus difficultueuses, en dépit de son triomphe sur le fameux brahme Trchengrenghatchah, Zoroastre luimême aurait été embarrassé de prédire, d’une façon catégorique, la révolution complète que l’introduction des machines-outils dans l’industrie devait amener, modifiant profondément l’état économique et social de la société moderne.
En effet il est peu, il n’est pas de cause, aussi minime en apparence, qui ait, à un égal degré, transformé les conditions de gains industriels d’abord, la manière de vivre ensuite. Pressentant que la machine qu’on lui adjoignait pour lui faciliter la tâche, allait devenir, sous peu, un adversaire redoutable, l’homme, dont la force ou l’adresse étaient seules mises à contribution, chercha par tous les moyens possibles à retarder, à enrayer l’intrusion de la machine-outil dans l’industrie.

Le Phonographe haut parleur
Depuis 1877, époque à laquelle Edison construisit son premier phonographe, de nombreux et incessants perfectionnements sont venus faire de cet appareil, plus intéressant qu’harmonieux, un instrument digne d’avoir sa place marquée chez tous ceux qui, de près ou de loin, s’intéressent au mouvement scientifique.
Les modifications apportées, fruits de longues et patientes recherches, visent particulièrement le cylindre enregistreur des sons et le tube acoustique, lequel doit porter au loin les vibrations reçues. Les formes du cornet subirent de nombreuses modifications; la matière constituante changée plusieurs fois, et, du simple cornet en fer-blanc on arriva, comme dans l’«Eurêka», à des pièces en aluminium comprimé, de formes savantes, donnant une intensité et une pureté de sons très grandes. Pour ce qui est des autres organes de ces appareils, ils ont tous beaucoup de rapport, étant constitués essentiellement par un mouvement d’horlogerie qu’actionne, ou un ressort, ou un poids.

Les automobiles-canons
On a maintes fois déjà discuté les services que rendaient, en campagne, la bicyclette et les tricycles à pétrole. Mais on n’avait pas encore parlé de «canons automobiles». Le premier pas est fait. Un ingénieur anglais vient d’en confectionner un, qui figure actuellement à l’Exposition de Richmond, près de Londres
Ce nouvel engin de guerre ressemble beaucoup au canon révolver de la marine et est monté sur un quadricycle à pétrole dont la vitesse peut atteindre 28 km/h. Un artilleur expérimenté, protégé par un double abri en acier nickel, peut tirer soit coup par coup, soit par feu de salve à répétition, et recharger l’arme avec facilité, attendu que, de chaque côté de la culasse, se trouvent deux caisses renfermant chacune de quatre à cinq mille cartouches. Les expériences publiques auxquelles on s’est livré ont donné, dit-on, des résultats surprenants.