25 january 2017 |
La Revue POLYTECHNIQUE
Une horloge publique au mécanisme révolutionnaire
C’est l’horloge neuchâteloise du 21e siècle. Equipé d’un mouvement novateur imaginé et réalisé par les chercheurs de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) à Microcity, le premier prototype de l’horloge IsoSpring a été inauguré le 16 décembre 2016 à l’Hôtel de Ville de Neuchâtel, dans le cadre d’un partenariat entre l’EPFL et la ville.
Le premier démonstrateur de l’oscillateur d’un genre nouveau, baptisé «IsoSpring», destiné à remplacer les traditionnels pendules et balanciers spiraux, a été imaginé et réalisé par les chercheurs de l’Instant-Lab de l’EPFL à Neuchâtel et présenté publiquement début 2014. Sous la direction du professeur Simon Henein, titulaire de la chaire Patek Philippe en conception micromécanique et horlogère – l’une des douze chaires de l’EPFL installées à Microcity – l’équipe du laboratoire vient, d’intégrer l’oscillateur IsoSpring dans une horloge mécanique complète.
«Cet oscillateur révolutionne la mesure du temps, car il est doté d’un mouvement continu et non plus alterné. Il fonctionne donc sans échappement et sans tic-tac», a indiqué Simon Henein à l’occasion d’une conférence de presse organisée à l’Hôtel de Ville. Alors que la montre mécanique actuelle est conceptuellement identique à celle de 1800, l’approche choisie par l’Instant-Lab a consisté à remettre en question la nécessité de l’échappement, dont sont dotés les mouvements mécaniques traditionnels. Les chercheurs sont remontés aux principes décrits par Newton, au XVIIe siècle, pour expliquer la mécanique céleste, afin de mettre au point un oscillateur fondamentalement nouveau.
Cette invention, qui fait appel à la solution technique dite des «guidages flexibles», éliminant les pertes par frottement des paliers, laisse envisager des garde-temps mécaniques (horloges, pendulettes, montres) plus simples à réaliser et dotés de performances inégalées en termes de réserve de marche et de précision chronométrique. Deux brevets ont été déposés par l’EPFL et les chercheurs travaillent maintenant à une miniaturisation de cette invention.
C’est à l’occasion d’une rencontre entre le conseil communal de Neuchâtel et les chercheurs de l’Instant-Lab, fin 2015, que le projet d’exposer l’horloge IsoSpring dans un lieu accessible au public a pris forme. L’EPFL prête l’horloge à la ville de Neuchâtel. «Nous avons reçu un accueil enthousiaste des autorités de la ville», se réjouit Simon Henein, qui voit dans ce partenariat la possibilité de «faire sortir la recherche de ses murs pour l’amener au cœur de la cité».
Pour la conseillère communale Christine Gaillard, directrice du dicastère de l’Education, ce projet permet aussi de montrer à la population «le rôle important joué par l’EPFL à Neuchâtel, dans la chaîne de l’innovation, y compris dans l’horlogerie, où tradition et recherche vont de pair». Et de rappeler que la ville accueille depuis de nombreuses années les principaux acteurs de la recherche horlogère et microtechnique.