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25 juin 2012 | La Revue POLYTECHNIQUE 06/2012 | Technique de mesure

Agilent Technologies: un spécialiste de la mesure

Propos recueillis par Sandro Buss

La Revue POLYTECHNIQUEa rencontré Benoît Neel, vice-président et directeur général des ventes de la région EMEA (Europe, Moyen-Orient et Afrique) d'Agilent Technologies, division tests et mesure de l'électronique. Depuis peu, cette société est représentée en Suisse par Computer Controls (cf. La Revue POLYTECHNIQUE 1/2010).

Que fait Agilent Technologies?

Benoît Neel: Nous ne faisons que de la mesure. La division dont je suis responsable s'occupe de la mesure des électrons, tout ce qui a à voir avec l'électronique. Cela représente environ la moitié des sept milliards de dollars du chiffre d’affaires de l'entreprise. Ensuite, la division Sciences de la vie propose des instruments pour la mesure de l'ADN. Et celle de l'analyse chimique offre des outils pour mesurer les liquides et les gaz. Les clients suisses en seraient le CERN, Novartis et Nestlé, par exemple.
 
Et en matière de tests et mesure de l'électronique?
B. N.: Notre catalogue est le plus large du marché. Depuis les basses fréquences jusqu'aux hautes fréquences. Depuis la mesure sous forme modulaire ou les petits multimètres portables jusqu'aux oscilloscopes de laboratoire haut de gamme de plusieurs centaines de milliers de CHF. On propose même un testeur de taux d'erreur de 10 Gbit de plus d'un million de CHF.
 
Comment Agilent est-il organise dans les pays de l'EMEA?
B. N.:Il difficile d'avoir des employés directs partout, l'EMEA représentant 150 pays.Nous ne sommes présents que dans douze d’entre-eux: l'Allemagne, la France, l'Italie, l'Espagne, la Grande Bretagne, la Finlande, la Suède, Israël, la Russie... Dans tous les autres pays, Agilent est représenté par des sociétés locales, des partenaires, comme Computer Controls.
 
Pourtant, en France, vous avez également des partenaires?
B. N.:En France, Agilent n'a gardé qu'une force de vente directe pour les grands comptes. Pour 90 % des clients, nous avons mis en place des structures similaires aux autres pays, des compagnies qui nous représentent.
 
Quels sont ces grands clients?
B. N.: Thales, EADS, Alcatel-Lucent, Ethys à Grenoble, Sagem, des universités et beaucoup d'autres. En fait, en France comme ailleurs, Agilent est très présent dans la communication, l'aéronautique, la défense et, bien sûr, la recherche et le développement en général.
 
En Suisse, comment fonctionne votre partenariat?
B. N.: Computer Controls est notre revendeur exclusif, ce que nous appelons un IDR: (International Designated Reseller). Quand on parle de Computer Controls c'est comme si on parlait d'Agilent. Ses collaborateurs s'occupent de tous les aspects: trouver et soigner le client, du marketing, de la distribution et du suivi. Ils sont beaucoup plus que des distributeurs. D'ailleurs, ils le font beaucoup mieux que nous! Le personnel est complètement dédié, il suit les mêmes formations que nous et a accès aux mêmes informations.
 
C'est nous avec un autre nom. Une grande partie du personnel de Computer Controls faisait partie d'Agilent auparavant, ce qui nous a permis de bien transférer nos compétences, ainsi que notre culture d'entreprise. Agilent se contente de questionner le niveau de satisfaction des clients. Mais en Suisse, «eux, c'est nous».
 
Comment les ventes des produits Agilent ont-elles évolué en Suisse depuis que Computer Controls assure la vente?
B. N.:Très bien, puisque la Suisse a connu, en 2011, une des plus fortes croissances des pays de l’EMEA.
 
Vous observez donc une continuité dans l'évolution de vos ventes?
B. N.: Non, pas du tout! L'évolution a été une step function, comme on dit en anglais (une fonction échelon). On a senti une accélération très puissante des ventes, car il y a maintenant davantage de personnes qui parlent d'Agilent, qu'il n'y en avait avant notre partenariat. Leur connaissance des clients locaux explique cette croissance.
 
Pourtant la croissance suisse en 2011, à part dans l'horlogerie n'a pas été très importante...
B. N.: Comparée à d'autres pays, la situation économique suisse est bonne. La qualité du service et du personnel de Computer Controls font la différence par rapport à la concurrencequ'Agilent a en Suisse. On a observé une croissance de Computer Controls dans un marché qui reste stable. Nos parts de marché ont donc augmenté. Agilent avait un peu délaissé la Suisse, mais, depuis que Computer Controls nous représente, je pense que nos concurrents doivent se faire du souci.
 
Et la recherche académique ne connait pas la crise...
B. N.: Absolument. La Suisse possède des universités de prestige, les EPF, les hautes écoles spécialisées, des centres de recherche très connus comme le CERN, le CSEM et bien d'autres. Eux aussi développent des circuits intégrés, qui utilisent des systèmes de tests ou de mesure extrêmement sophistiqués.
 
A quels produits s'intéressent les hautes écoles?
B. N.: On différencie la recherche académique de l'enseignement. Les premiers utilisent des systèmes de mesure extrêmement sophistiqués, des séries 9000, par exemple, des oscilloscopes à très haute efficacité. Quand ils travaillent sur des communications à haut débit, ils ont besoin de caractéristiques très performantes. Ou des testeurs paramétriques pour mesurer les caractéristiques du matériau. Ensuite, dans l'enseignement, on vend beaucoup de postes des séries 3000X, par exemple, pour former les étudiants. On a tous appris, aux travaux pratiques d'électronique, à polariser des transistors...
 
Est-ce que vous collaborez avec le CERN pour vos propres développements?
B. N.: Non, par contre, ils nous disent clairement ce qu'ils veulent. Le CERN sont si avancés en termes de technologie, qu'ils nous obligent à être créatifs et innovants. Plus nous allons vite, plus ils sont contents. Ils utilisent nos oscilloscopes à très haute capacité d’acquisition, d’échantillonnage, de plusieurs GHz. C'est déjà un excellent client, mais, c'est vrai, on aimerait devenir le partenaire privilégié du CERN.
 
Quels sont, à votre avis, les développements scientifiques du futur?
B. N.: Une des nouvelles tendances est le déploiement du LTE et du LTE advanced, bien sûr (la prochaine génération de protocoles pour la téléphonie, ndlr). Une autre sera le HDMI (High-Definition Multimedia Interface) sans fil, à savoir la capacité de router de la vidéo haute définition chez soi, sans fil. Il y a beaucoup de recherche académique dans ce domaine. L'augmentation de la bande passante et du débit sont les déclencheurs de toutes les innovations d'aujourd'hui. Et Agilent propose déjà des fréquences de mesure de 60 GHz, la plus grande bande passante du marché.
 
Un autre exemple de développement?
B. N.: Une autre tendance est de combiner toujours d'avantage, sur la même puce, la radiofréquence (RF) avec le monde numérique. Avant, ils se trouvaient sur des étages séparés. Cette évolution amène beaucoup de problèmes de mesure. Le téléphone intègre des technologies qu'on ne pouvait pas marier auparavant. Chez Agilent on sait mesurer cela, à la fois la partie RF, ou toute entité émettrice, et la partie numérique, avec nos oscilloscopes et nos analyseurs logiques.
 
Qu'en est-il de la simulation, en particulier en termes d'interférences?
B. N.: Nos outils logiciels de conception, l'ADS (Advance Design System), l'EM (électromagnétique) Pro et le System View permettent de simuler ces environnements très complexes, avant leur construction. Des signaux de 60 GHz, par exemple, vont rayonner de tous les côtés, générant des problèmes d'adaptation et perturbant les processeurs qui se trouvent à proximité.
 
La simulation ne signifie-t-elle pas la mort de la mesure?
B. N.: Non, au contraire, on devra toujours vérifier que la conception, une fois réalisée, soit bonne. Notre grand avantage est que pour valider une simulation, nous offrons la chaîne de mesure en aval, déjà en place, de manière cohérente. Cette combinaison est unique. Agilent est le seul à savoir faire les deux.
 
Qu'en est-il des développements PXI (PCI eXtensions for Instrumentation)?
B. N.: L'instrumentation sur carte standardisée par un fond de panier est un domaine où on veut amener notre savoir-faire. Une division entière y travaille. Notre centre de recherche sur les numériseurs rapides à Genève (anciennement Aquiris, ndlr) y contribue. Nous avons déjà introduit 54 de ces produits modulaires. Cela comprend la commutation pour aiguiller les ciseaux, la multimétrie, etc., pour créer des systèmes de tests sans avoir à empiler les instruments de mesure. Ici aussi, Agilent offre les deux possibilités: la mesure par instrument ou la carte PXI pour une automatisation plus efficace.
 
Entouré d’autres "pièces de musée" (un oscillateur audio à gauche (B) et un analyseur de spectre (C) à droite), un antique générateur de signaux (dont la fréquence était encore indiquée en mégacycles) de Hewlett Packard (A), devenu Agilent Technologies par essaimage en 1999.