Armes imprimées en 3D : un défi technique et judiciaire pour la police scientifique
Cedric Favre
L’impression 3D d’armes à feu, naguère marginale, est désormais un phénomène tangible qui interpelle la police scientifique et les autorités judiciaires. Depuis la mise en ligne du pistolet Liberator en 2013 par l’association Defense Distributed, une prolifération de modèles d’armes imprimables s’est développée sur des forums et réseaux cryptés. De simples pistolets en plastique, les armes sont devenues plus complexes, comme le modèle FGC-9, capable de tirer en rafale avec des composants de bricolage et des munitions réelles.
Ces armes posent des défis techniques majeurs en matière de détection, de traçabilité et d’analyse balistique. Leur absence de numérotation et leur faible signature balistique compliquent les enquêtes. En Europe, plusieurs cas récents révèlent une diffusion préoccupante, tandis que certains pays et fabricants tentent d’endiguer le phénomène par des mesures juridiques et technologiques. Des risques d’accidents pour les utilisateurs sont également avérés. Une réponse multidisciplinaire est essentielle pour anticiper l’évolution de cette menace.
Historique et généalogie d’un phénomène
L’impression 3D d’armes à feu, longtemps considérée comme une expérimentation marginale, est aujourd’hui une réalité concrète, qui interpelle les autorités judiciaires et les services de police scientifique. L’origine de cette pratique remonte à 2013, avec la diffusion en ligne par Cody Wilson, fondateur de l’association en ligne de fabrication d’armes à feu libre de droits Defense Distributed, des fichiers CAD du Liberator, un pistolet fonctionnel entièrement imprimé en matière plastique, dont seul le percuteur était métallique. Le principe était clair : permettre à quiconque disposant chez lui d’une imprimante 3D, de produire une arme à feu. Ce geste fondateur a fait école, bien que les autorités américaines aient rapidement ordonné la suppression des fichiers du Web. Dès lors, les modèles d’armes en plastique imprimables ont circulé sur les forums, en particulier sur des réseaux décentralisés comme Reddit ou des messageries chiffrées.
Typologies et capacités techniques
Les premières armes imprimées étaient rudimentaires. Le pistolet Liberator, par exemple, ne pouvait tirer qu’un seul coup. Mais rapidement, des modèles plus élaborés ont émergé, tels que l’arme automatique FGC-9 entièrement imprimable à domicile avec des outils de base et des composants accessibles dans les magasins de bricolage. Le modèle FGC-9, sigle de « Fuck Gun Control 9 mm », se caractérise par sa capacité à tirer en rafale et par la fabrication maison de son canon grâce à un électro-polissage de tubes en acier.
Ces armes ne sont pas seulement réalisables en plastique. De nombreux modèles hybrides, qui associent des pièces imprimées en 3D avec des composants métalliques (ressorts, vis, tubes), utilisent des munitions réelles. Il ne faut pas les confondre avec les répliques d’armes à feu ou les impressions factices d’apparence similaire, qui sont inopérantes.
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