Au-delà de la vitesse: entre opportunités et défis associés au déploiement de la 5G
Kristell Moullec
Nous en sommes déjà à la cinquième génération de réseaux de téléphonie, un renouvellement observé en moyenne tous les dix ans. Conçue pour offrir une connectivité ultra-rapide, cette dernière permet de réduire la saturation des services tout en améliorant leur flexibilité. Son déploiement, bien qu’encore à ses débuts, laisse entrevoir une adoption généralisée dans un avenir proche.
La première génération de mobiles fait son entrée à Tokyo en 1979 avec Nippon Telegraph and Telephone (NTT), l'une des plus importantes entreprises de télécommunications au monde. La 1G est rapidement introduite au début des années quatre-vingt en Europe, notamment grâce à la norme Téléphone Mobile Nordique (NMT). Sa transmission analogique, permettant de passer des appels vocaux sans fil, est appréciée des entreprises, mais son coût élevé limite initialement son usage auprès des particuliers.

Évolution de la performance des réseaux mobiles au fil des générations en Suisse.
La 2G, au début des années 1990, marque la transition vers le numérique et ouvre la voie au cryptage des données. Notre façon de communiquer se voit particulièrement modifiée avec l’arrivée des Short Message Service (SMS) et autres Multimedia Messaging Service (MMS). Le Global System for Mobile Communication (GSM), développé par l’Institut européen des normes de télécommunication (ETSI), rend, quant à lui, l'itinérance internationale possible. L'arrivée d'Internet et le déploiement de la 3G en l’an 2000 portent nos téléphones au rang d’outils multimédias ; les vitesses de transmission du réseau, cinq fois supérieures à celles de la génération précédente, ouvrent l’accès au visionnage vidéo. L’avènement de la 4G en 2010 accentue l’offre des services en ligne et diversifie les applications : réunions virtuelles, e-commerce, stockage et transfert de fichiers en sont quelques exemples.
L'Impact économique de la 5G
Depuis 2017, la 5G fait l'objet de tests mondiaux ayant pour objectif d’optimiser les infrastructures existantes en vue d'une couverture nationale. Deux ans plus tard, la Corée du Sud se place ainsi comme pionnière dans la commercialisation du réseau, suivie de près par la Chine, les États-Unis et l'Europe. Les vitesses de connexion de la 5G – jusqu'à cent fois supérieures à celles de la 4G – offrent des délais de latence inférieurs à une milliseconde, permettant le fonctionnement simultané d’un plus grand nombre d’objets connectés.
Outre l'amélioration du débit, des perspectives économiques significatives dans de nombreux domaines voient le jour. Les interventions chirurgicales assistées par la 5G, qui se multiplient avec succès, se verront assurément augmentées grâce aux outils de réalité virtuelle. Le développement des villes intelligentes, où des capteurs urbains connectés améliorent la mobilité durable, la gestion des déchets et celle de l'énergie, sont déjà en place dans plusieurs cités européennes, comme Barcelone et Amsterdam. Néanmoins, l'intégration de la 5G rencontre des obstacles, notamment en Suisse, où les préoccupations concernant la santé et l'environnement sont grandissantes.
Les défis réglementaires pour les opérateurs
Swisscom a été parmi les premiers à commercialiser la 5G en Suisse, marquant un tournant dans le paysage des télécommunications. Malgré une couverture étendue à plus de 99 % de la population, l'entreprise fait face à un environnement réglementaire complexe, principalement lié aux ondes émises par les nouvelles bandes de fréquence de la 5G. Plus de 3000 autorisations de construire étaient ainsi en attente en septembre dernier, en raison de l'opposition de certaines communes et cantons.
Le Conseil national a accepté récemment la proposition révisée du Conseil des États, concernant l’accélération du développement de la 5G en Suisse. Cette motion, déjà validée en 2021, comporte désormais la valeur limite du rayonnement électromagnétique engendré par les infrastructures. Depuis, la présence d’antennes 5G s’est multipliée sur le territoire ; d’après les chiffres enregistrés par l’Office fédéral de la communication (OFCOM) au 1er février 2024, elles sont au nombre de 10 359 à l’heure actuelle.
Les implications sanitaires
Bien que l'ordonnance sur la protection contre le rayonnement non ionisant (ORNI) limite le rayonnement à 6 V/m, soit dix fois moins que la recommandation de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), les débats restent animés au sein de la population. La norme d'exposition ainsi réglementée est pourtant rassurante, tout comme les études scientifiques qui attestent de l’inoffensivité des ondes 5G sur la santé.
Rappelons que la lumière visible, les infrarouges, les micro-ondes et les radiofréquences appartiennent aux rayonnements non ionisants ; l'énergie qu'ils dégagent n'est donc pas suffisante pour modifier les atomes des milieux traversés. Elle peut néanmoins provoquer un échauffement des tissus et un stress oxydatif des cellules, connu pour entraîner certaines pathologies graves. Les effets thermiques ne devraient ainsi pas se produire aux limitations établies ; en revanche, les effets biologiques ne sont pas mentionnés dans les réglementations en vigueur.
Le rapport de l'Office fédéral de l'environnement, établi en juin 2022, certifie l’absence de risque sanitaire associé au rayonnement des antennes 5G. L'opposition a toutefois souligné un manque représentatif des données analysées dans le cadre de son étude ; les mesures effectuées sur les lieux de travail, dans les écoles et à proximité des antennes 5G sont, en effet, faibles, voire absentes.
Considérations environnementales
La densification des infrastructures nécessaires soulève aussi des questions environnementales, leur empreinte carbone et les déchets électroniques générés étant enregistrés en hausse. Selon une étude de l'Université de Zurich et du Laboratoire fédéral d'essai des matériaux et de recherche (Empa) menée fin 2020, les émissions de CO2 induites par l'expansion de la 5G en Suisse pourraient atteindre 190 millions de tonnes d'ici 2030. Cependant, une diminution de 85 % des émissions, produites par le réseau actuel, sera induite par l’amélioration du trafic des données, ainsi que par les applications innovantes de la 5G.
Cette nouvelle technologie, une fois active, sera ainsi plus efficace sur le plan énergétique que les réseaux précédents. Les législations communales, cantonales et fédérales en vigueur veillent, de leur côté, à l’intégration des installations de téléphonie mobile dans le respect du paysage local.
Sécurité et vie privée
L'expansion de la connectivité liée à la 5G soulève des préoccupations en matière de vie privée. La surface d'attaque pour les cybermenaces, en constante augmentation serait, dans 20 % des cas, facilitée par les objets connectés.
L’année dernière, l’Université de Zurich, les CFF, l’entreprise CH Media, le groupe industriel ABB, les douanes et même l’Office fédéral de la police, ont été ciblés par des cyberattaques. Les données enregistrées sur les serveurs en ligne (clouds) sont particulièrement à risque. Questionné à ce sujet, Swisscom propose différentes options de sécurité pour les particuliers, les PME et les grandes entreprises, via des sauvegardes automatisées, ainsi que par la détection précoce des menaces.
Malgré les mesures fournies par les opérateurs, une sécurité intégrale et sans faille ne peut être garantie. Selon l'enquête 2024 menée par l’institut de sondages Global Digital Trust Insights, les programmes de sécurité, activement sollicités par les chefs d'entreprise, sont jugés stagnants et doivent évoluer face à la transformation numérique de notre société.
Vers l'horizon de la 6G
En 2024, Swisscom poursuivra le développement de son réseau mobile pour répondre aux besoins croissants de ses clients et leur offrir un service optimal. Actuellement, plus de 80 % des utilisateurs bénéficient déjà de la technologie 5G+ à forte capacité, grâce à des antennes adaptatives. L'avenir de la 5G, tant au niveau suisse que mondial, dépendra de la capacité à concilier les avantages technologiques avec la protection de la santé, de la vie privée et de l'environnement.
L’approche pragmatique établie par la Confédération, aspire à maintenir cet équilibre dans les décisions à venir. L’arrivée future de la 6G et de ses performances inégalées, est annoncée pour 2030. Le rôle du réseau dans la protection de l’environnement sera amélioré, avec la gestion des ressources naturelles et la surveillance en temps réel des changements climatiques. Swisscom étudie, pour sa part, les données de base du réseau, ainsi que ses caractéristiques, en vue d’une normalisation au niveau international mi-2024.
Les informations fournies dans cet article sont basées sur les données communiquées par Swisscom.
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