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26 octobre 2015 | La Revue POLYTECHNIQUE 08/2015 | Transport

CEVA: un projet de liaison entre les réseaux ferroviaires du canton de Genève et de la Haute-Savoie

CEVA, acronyme de Cornavin-Eaux-Vives-Annemasse, consiste à réaliser une infrastructure ferroviaire de 16 km pour relier le réseau suisse au réseau français dans la région de Genève et de la Haute-Savoie. Le premier coup de pioche du projet CEVA a été donné le 15 novembre 2011.
Côté suisse, ce tracé majoritairement souterrain s’étend sur 14 km. Il nécessite la construction de deux nouveaux ponts (Arve et Seymaz), de deux tunnels et de plusieurs tranchées couvertes. Cinq stations jalonnent le parcours. Il s’agit de Lancy–Pont-Rouge, seule station aérienne du tracé, de Carouge-Bachet, de Champel-Hôpital, de Genève–Eaux-Vives et de Chêne-Bourg. Des adaptations sont également prévues sur le tronçon existant allant de Cornavin à La Praille.

 
Des procédés favorables à la qualité de vie des habitants
Le défi de la réalisation de ces ouvrages dans un environnement urbain dense a conduit à privilégier des procédés favorables à la qualité de vie des habitants: technique de creuse des tranchées couvertes réduisant les impacts en surface, découpage en étapes lors du franchissement de carrefours majeurs, afin de garantir leur exploitation, etc.
Sur sol français, le tracé est d’une longueur de 2 km. Il comprend, outre une tranchée couverte entre la frontière et la gare d’Annemasse, d’importants travaux de modernisation de la gare elle-même et de la ligne du Chablais, qui sont financés par les partenaires français.
 
Halte de Carouge-Bachet: dernière phase de travaux sur la route de Saint-Julien et réalisation des sorties de secours. (© CEVA - Crédits: Groupe 13.76, O. Zimmermann et L. Fascini)
 

La gouvernance
Le financement nécessaire à la réalisation de CEVA est assuré en moyenne à 56 % par la Confédération et à 44 % par le canton de Genève. La gouvernance du projet est organisée en co-maîtrise d’ouvrage entre les CFF et le canton de Genève.
Toute décision concernant la réalisation de CEVA est prise par le comité de pilotage (COPIL), sorte de conseil d’administration du projet, réunissant des représentants du canton de Genève, de l’Office fédéral des transports (OFT) et des CFF. La présidence est confiée au conseiller d’Etat en charge de la direction générale du génie civil.
Sous le COPIL, le comité directeur (CODIR) supervise la partie opérationnelle des affaires. Celle-ci, tout comme la mise en œuvre des décisions du COPIL, est assurée par une équipe de projet ad hoc, composée de collaborateurs du canton de Genève et des CFF. La direction de cette équipe a été confiée aux CFF.
 
L’environnement
Sur le long terme, l’impact d’un projet tel que CEVA est très positif. En effet, le transport ferroviaire constitue une alternative efficace au transport individuel. Cependant, la construction même d’un tel ouvrage peut avoir des impacts non négligeables sur l’environnement et générer des nuisances. C’est pourquoi ces problématiques sont gérées et traitées avec une grande attention par le projet CEVA.
Pour un projet de telle ampleur, une étude d’impact sur l’environnement (EIE) a été produite lors de la demande d’autorisation de construire, étude dans laquelle des mesures spéciales de protection sont décrites dans différents domaines environnementaux. La mise en œuvre de ces mesures est d’une importance capitale pour que le projet respecte les prescriptions légales relatives à la protection de l’environnement. Pour assurer cette tâche, le projet CEVA a mis en place un suivi environnemental de la phase de réalisation (SER), au sein duquel tous les spécialistes nécessaires sont représentés.
Concrètement, il s’agit d’un groupement de bureaux d’ingénieurs spécialistes en environnement qui, depuis 2009, préparent et surveillent toutes les mesures environnementales pertinentes pour la construction, tout en veillant au respect des prescriptions et normes relatives à la protection de l’environnement.
 
Tranchée couverte Gradelle (pont sur la Seymaz). (© CEVA - Crédits: Groupe 13.76, O. Zimmermann et L. Fascini)
 

La gestion des risques
Les risques sont établis sur la base de la gravité des dommages et de la probabilité de l’occurrence. La direction de projet CEVA identifie et analyse les risques trimestriellement. Elle développe ensuite une stratégie de réponse aux risques identifiés et les présente aux organes décisionnels du projet.
Comme tout projet de cette ampleur, CEVA fait face à des risques en matière de coûts et de délais. En outre, à l’instar des chantiers souterrains, la géologie rencontrée au fur et à mesure de l’avancement des travaux joue un rôle prépondérant. CEVA ne fait pas exception à la règle.
 
Demain un RER transfrontalier
Les 16 km de rails actuellement en construction, qui relieront la gare de Genève-Cornavin à celle d’Annemasse, représentent bien plus que le maillon ferroviaire qui manquait entre ces deux gares. La réalisation de CEVA permettra la mise en service du Réseau express régional franco-valdo-genevois LEMAN Express: 230 km de ligne reliant 45 gares suisses et françaises dans un rayon de 60 km autour de Genève et d’Annemasse. Dès sa mise en service, ce réseau constituera l’épine dorsale des transports publics en assurant la première liaison rapide entre la rive gauche et la rive droite du lac Léman. Ce sera une nouvelle solution pour les habitants, reliant les centres urbains, avec de nouveaux aménagements autour des gares.
 
Halte de Chêne-Bourg. (Crédits: CEVA, SGC)
 

La sécurité du chantier
Compte tenu de l’importance de ce chantier, un dispositif exceptionnel a été mis en place pour assurer sa sécurité. Ainsi, une quinzaine de spécialistes présents sur site veillent à la sécurité des ouvriers et de la population environnante. Malgré ces précautions, fin mars, une soixantaine d’accidents étaient survenus sur les chantiers. Seul un quart d’entre eux a entraîné un arrêt de travail de plus d’un mois. Il s’agissait le plus souvent de petites blessures, suite à des chutes ou des mauvaises manipulations. Les indicateurs CEVA sont en deçà des objectifs basés sur les moyennes suisse et genevoise.
Les accidents qui arrivent sur les chantiers CEVA sont analysés en détail et des améliorations sont apportées pour éviter qu’ils ne se reproduisent. En outre, les bonnes pratiques sont partagées et appliquées sur tous les lots de travaux.
 
L’accident du tunnel de Champel
Le 10 décembre 2014 aux environs de 20 h, peu avant la pose d’un cintre de soutènement (structure métallique en arc de cercle servant à soutenir la voûte du tunnel), un ouvrier situé à l’aplomb du front d’attaque des Eaux-Vives du tunnel de Champel a reçu un bloc qui s’est détaché de la voûte du tunnel. Ce dernier l’a gravement blessé et il a dû être transporté d’urgence à l’hôpital. Aujourd’hui, il est hors de danger.
Suite à cet accident, les travaux de creuse du tunnel de Champel, un des six sites principaux du chantier, ont été arrêtés. Afin de mettre en œuvre les mesures permettant de garantir la sécurité des ouvriers sur le chantier, il a été fait appel à des experts des deux parties. Suite à des réunions au plus haut niveau, les améliorations nécessaires à la reprise rapide de la creuse du tunnel ont été finalisées et ont permis la reprise des travaux le 17 mars 2015, après une interruption de onze semaines. Les autres secteurs du chantier CEVA n’ont pas été affectés par cette interruption.
 
Halte de Champel-Hôpital. (© CEVA - Crédits: Groupe 13.76, O. Zimmermann et L. Fascini)
 

Les crues exceptionnelles du mois de mai
Début mai, l’Arve a connu des crues exceptionnelles et répétées. Elles ont eu un impact important sur le site de travaux du Val d’Arve, où se trouvent deux des fronts de creuse des tunnels de CEVA. Cela a provoqué une interruption temporaire des travaux sur ce site. Si les ouvrages de CEVA sont bien prévus pour résister aux crues centennales, celles connues ce printemps étaient largement supérieures à ces normes. Elles ont provoqué les dégâts suivants:
 
Tunnel de Champel:les enrochements protégeant la rive sur laquelle est installée la plate-forme d’accès au tunnel de Champel ont été emportés par l’Arve. Le travail d’érosion s’est poursuivi sous la plate-forme, allant jusqu’à 2 à 3 m selon les endroits. La taille utilisable de cette plateforme a été réduite pour des raisons de sécurité. Des analyses approfondies et des remises en état ont été menées avant la reprise des travaux en «mode normal» le 20 mai 2015. L’avancement a donc été ralenti durant près de trois semaines. Les travaux sur le second front (Eaux-Vives) se sont poursuivis sans interruption.
 
Tunnel de Pinchat:la crue a également eu pour conséquence d’avoir fait monter à des niveaux critiques la nappe phréatique entourant la tranchée couverte passant sous le parking du service des automobiles. Ceci a eu pour résultat de mettre sous pression le radier (sol de l’ouvrage) de la tranchée couverte (risque de soulèvement), qui était dans un état constructif intermédiaire. De la grave a donc été ajoutée pour renforcer le radier et permettre la reprise des travaux du tunnel de Pinchat (qui empruntent cette tranchée) dans les jours qui ont suivi. Les travaux sur le second front (Bachet) se sont poursuivis, sans interruption.
Les conséquences sur la planification globale et les éventuels coûts seront analysés et intégrés dans la détermination de la date de mise en service. Celle-ci sera annoncée lorsque près de la moitié des tunnels auront été creusés, soit à la fin 2015.
 
Calendrier des travaux au 30.04.2015. (© CEVA)
 

Le chantier côté français
Sous l’égide de SNCF Réseau, maître d’ouvrage, les partenaires de CEVA France se sont réunis le 19 mai 2015 pour donner leur premier coup de pioche. Quatre ans de chantier et 234,2 millions d’euros d’investissement sont nécessaires à la réalisation des travaux côté français. Ils consistent en l’enfouissement des voies ferrées allant de la frontière à Annemasse, mais aussi à de nombreux efforts de modernisation: adaptation de la gare d’Annemasse, amélioration des branches Annemasse - Evian-les-Bains et Annemasse - La Roche-sur-Foron.
www.ceva-france
 
Caroline Monod, responsable communication
Tél.: 022 546 76 00
E-mail: info@ceva.ch
www.ceva.ch