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18 juillet 2025 | La Revue POLYTECHNIQUE | Économie

Prolifération persistante de contrefaçons et faux maillots pour l’Euro féminin

Le coup d’envoi de l’Euro féminin de l’UEFA 2025 a été donné en Suisse le 2 juillet. Les contrefacteurs ont pleinement exploité l’engouement autour du football féminin. En particulier, la vente en ligne de produits dérivés contrefaits a prospéré durant cette période. Une étude de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), récemment mise à jour, a révélé que, de manière générale, l’économie suisse a continué de subir d’importantes pertes de chiffre d’affaires à cause des contrefaçons. Parallèlement, les autorités ont renforcé leur efficacité dans la lutte contre ce fléau grâce à une procédure simplifiée de destruction des produits contrefaits, entrée en vigueur le 1er juillet 2025.

Le commerce d’articles contrefaits pour les supporters est en plein essor

Alors même que le premier coup de sifflet n’avait pas encore été donné, la vente de faux maillots battait déjà son plein. Les fausses bonnes affaires ont fleuri, en particulier sur les plateformes de vente en ligne et les réseaux sociaux. À première vue, les contrefaçons semblaient souvent très réalistes, mais en y regardant de plus près, elles étaient presque toujours d’une qualité inférieure et cachaient des pratiques criminelles.

Reconnaître les contrefaçons : trois astuces de STOP À LA PIRATERIE

  1. Selon l’association STOP À LA PIRATERIE, trois contrôles rapides suffisent à éviter l’achat de contrefaçons :
    1. Mentions légales et/ou contact : les boutiques fiables ont des possibilités de contact complètes.
    2. Avis : des avis trop beaux pour être vrais ou l’absence d’évaluations doivent éveiller la méfiance.
    3. Prix : trop bon marché ! Pour les produits très populaires, même une petite réduction peut déjà être un indice d’escroquerie.
    En achetant des produits originaux dans les boutiques officielles ou auprès de revendeurs agréés, c'est soutenir le sport et évitez d’avoir de mauvaises surprises.

OCDE : des milliards perdus à cause des contrefaçons

Il ressort d’une étude de l’OCDE récemment mise à jour que le nombre de contrefaçons en circulation dans le monde est toujours élevé. Pour toutes les branches concernées en Suisse, la perte de chiffre d’affaires se monte à environ 3 milliards de dollars. L’industrie horlogère et le secteur des bijoux sont toujours les plus touchés, avec une baisse annuelle des ventes de 1,4 milliard de dollars. L’étude mandatée par l’Institut Fédéral de la Propriété Intellectuelle fait suite à une étude datant de 2021.

Résumé du rapport OCDE : contrefaçon, piratage et l’économie suisse 2025

La Suisse, dont l’économie repose fortement sur l’innovation et la propriété intellectuelle (PI), est particulièrement vulnérable au phénomène de la contrefaçon. Ce rapport de l’OCDE, mandaté par l’Institut fédéral de la propriété intellectuelle, propose une analyse approfondie de l’impact de la contrefaçon et du piratage sur l’économie suisse. L’étude démontre que les produits suisses – notamment dans les secteurs de l’horlogerie, de l’électronique, de l’habillement et de la maroquinerie – sont des cibles privilégiées en raison de leur réputation mondiale et de leur valeur ajoutée élevée.

En 2021, la valeur estimée des produits contrefaits portant atteinte aux droits de propriété intellectuelle (DPI) suisses s’élevait à 4,7 milliards USD, soit 1,3 % du total des exportations suisses. Cette activité illicite a entraîné des pertes économiques majeures : environ 3 milliards USD de chiffre d’affaires pour les entreprises, plus de 6000 emplois supprimés et 97,8 millions USD de pertes fiscales pour l’État. L’horlogerie reste de loin le secteur le plus touché avec plus de 1,4 milliard USD de pertes de ventes et près de 2500 emplois détruits.

Le rapport souligne le rôle central du commerce en ligne et des petits envois postaux dans la diffusion de ces produits illicites. Les contrefacteurs privilégient les envois en petits colis – souvent contenant un seul article – afin de contourner les contrôles douaniers. En 2020-2021, 94 % des saisies de contrefaçons de produits suisses concernaient des envois de moins de dix articles. Ce mode de distribution fragmenté et discret pose de sérieux défis aux autorités.

La Chine et Hong Kong restent les principales sources de produits contrefaits violant les DPI suisses, suivies par la Turquie, particulièrement active dans les secteurs de l’habillement et des chaussures. Le rapport montre que les routes commerciales de la contrefaçon se complexifient, exploitant les faiblesses logistiques et les points de transit comme les Pays-Bas.

La Fédération de l’industrie horlogère suisse joue un rôle actif dans la lutte contre le phénomène, en menant des actions de sensibilisation, en soutenant les autorités et en surveillant les plateformes de vente en ligne. Malgré ces efforts, l’évolution rapide des pratiques des contrefacteurs appelle à une réponse renforcée.

Le rapport conclut que la lutte contre la contrefaçon nécessite une approche internationale coordonnée, mobilisant les autorités douanières, les acteurs industriels, les plateformes numériques et les opérateurs logistiques. Il insiste sur l’importance de sensibiliser les consommateurs et de moderniser les outils juridiques et technologiques. En tant qu’économie ouverte et tournée vers l’exportation, la Suisse a un rôle moteur à jouer dans la protection de la propriété intellectuelle au niveau mondial.

Ce rapport met en lumière non seulement les pertes économiques mesurables, mais aussi les menaces plus diffuses sur la réputation, l’innovation, la sécurité des consommateurs et la durabilité du modèle économique helvétique. Une action résolue, agile et multilatérale s’impose pour préserver l’intégrité des chaînes de valeur et assurer la compétitivité des secteurs stratégiques suisses.