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20 janvier 2019 | La Revue POLYTECHNIQUE 01/2019 | Sécurité

Des chiffres records pour les rappels de produits

L’assureur Allianz Global Corporate & Specialty (AGCS) a analysé 367 sinistres liés à des rappels de produits dans 28 pays et 12 secteurs d’activité. Un rappel de produits important occasionne en moyenne des dommages à hauteur de 10,5 millions d’euros, mais parfois de plusieurs milliards en raison de l’effet domino. L’industrie automobile est la plus touchée, suivie par l’industrie agroalimentaire et le secteur informatique/électronique.
Une pédale défectueuse provoquant l’accélération involontaire d’une voiture, la transformation d’arachides avariées entraînant une baisse des ventes de 25 % à l’échelle de l’industrie, sont des erreurs coûteuses. Chacun de ces incidents a donné lieu à d’importants rappels de produits, entraînant la perte de plusieurs milliards d’euros.
Le risque lié aux produits est l’un des plus grands dangers auxquels les entreprises doivent faire face aujourd’hui. Selon un rapport de l’assureur industriel Allianz Global Corporate & Specialty (AGCS), les risques de rappel ont considérablement augmenté au cours des dix dernières années et le risque d’accroissement et de complexification des dommages continue de progresser.
 
Des campagnes de rappel en forte progression
Les campagnes de rappel n’ont pas cessé d’augmenter au cours des dix dernières années. «Nous constatons aujourd’hui un nombre record de rappels en termes d’ampleur et de coûts», déclare Christof Bentele, responsable de la gestion des crises chez AGCS. Selon lui, ces résultats sont dus à une série de facteurs, parmi lesquels une réglementation plus stricte et des sanctions plus sévères, la montée en puissance de grandes multinationales, des chaînes d’approvisionnement mondiales plus complexes, la prise de conscience croissante des consommateurs, l’impact de la pression économique sur la recherche, le développement et la production, ainsi que l’importance grandissante des médias sociaux.

Des causes diverses
L’étude «Product Recall: Managing The Impact of the New Risk Landscape» analyse un total de 367 demandes de rappel de produits issues de 28 pays et douze secteurs, entre 2012 et le premier semestre 2017. La cause principale des rappels est un produit défectueux ou une exécution incorrecte. Vient ensuite la contamination du produit.
Le coût moyen d’un rappel majeur est supérieur à 10,5 millions d’euros; mais dernièrement, les coûts engendrés par certains rappels importants ont largement dépassé ce montant. Dix rappels seulement sont à l’origine de plus de 50 % des dommages. Selon l’analyse des dommages d’AGCS, le secteur informatique/électronique est le troisième le plus touché après l’industrie automobile et l’industrie agroalimentaire.

Les rappels les plus coûteux en raison de «l’effet domino»
«Les rappels d’automobiles représentent plus de 70 % du total des sinistres analysés, ce qui n’est guère surprenant, compte tenu des récents records d’activité aux États-Unis et en Europe. Nous observons un nombre croissant de rappels concernant un nombre toujours plus important de véhicules dans ce secteur», explique Carsten Krieglstein, responsable de l’Europe centrale et orientale chez AGCS. «Les technologies plus sophistiquées, les périodes de test des produits plus courtes, l’externalisation de la recherche et du développement, ainsi que la pression croissante sur les coûts contribuent au phénomène. L’évolution technologique de l’industrie automobile vers la mobilité électrique et autonome entraînera d’autres risques de rappel», poursuit-il.

L’industrie automobile la plus touchée
L’une des campagnes de rappel les plus importantes à ce jour dans l’industrie automobile, due à des airbags défectueux, a entraîné le retour aux ateliers de 60 à 70 millions de véhicules de pas moins de dix-neuf constructeurs dans le monde. Les coûts sont estimés à près de 21 milliards d’euros. Ce cas illustre «l’effet domino» croissant qui affecte le secteur automobile, ainsi que d’autres branches. Car de nombreux composants couramment utilisés sont employés par plusieurs fabricants. Un seul rappel peut donc toucher toute une industrie.

Les préoccupations de l’industrie agroalimentaire suisse
Le rappel de produits est au centre des préoccupations de l’industrie agroalimentaire suisse. Celle-ci représente le deuxième secteur le plus touché, avec16 % des pertes analysées. Le coût moyen d’un important rappel de produits est de quelque 8 millions d’euros. Les allergènes non déclarés (étiquetage incorrect des ingrédients, par exemple) et les agents pathogènes constituent un problème majeur, tout comme la contamination par des morceaux de verre, de plastique ou de métal.
«En Suisse aussi, la manipulation et le rappel de produits sont un enjeu crucial pour les clients de l’industrie agroalimentaire», souligne Christoph Müller, responsable des activités AGCS en Suisse. Dans notre pays, la demande grandissante de solutions d’assurance provient avant tout de grands clients finaux, qui veulent se prémunir contre les difficultés de leurs principaux fournisseurs. «L’expérience des incidents passés, directement imputables au rappel ou à la manipulation de produits, est un autre moteur du marché», ajoute-t-il.
Faiblesse des contrôles de qualité dans certains pays
Selon l’étude d’AGCS, les produits en provenance d’Asie continuent de causer un nombre disproportionné de rappels de produits aux États-Unis et en Europe, ce qui reflète le déplacement des chaînes d’approvisionnement mondiales vers l’Est et la faiblesse historique des contrôles de qualité dans certains pays asiatiques. Cependant, l’augmentation des réglementations en matière de sécurité et la prise de conscience croissante des consommateurs entraînent une recrudescence des campagnes de rappel, en Asie également.
 
La gestion précoce des crises
La planification et la préparation prévisionnelles peuvent avoir une incidence majeure sur l’ampleur d’un rappel, ainsi que sur les préjudices financiers et la réputation des entreprises. Dans le cadre d’une approche holistique de la gestion du risque, les sociétés spécialisées dans l’assurance des rappels de produits peuvent aider les entreprises à se rétablir plus rapidement en couvrant le coût des rappels, et notamment les interruptions d’exploitation.
Ces assurances donnent également accès à des services de gestion de crise et à des conseillers spécialisés. Elles examinent les procédures de l’entreprise et, en cas de contamination de produits à l’échelle planétaire, l’épaulent dans sa collaboration avec les autorités, dans la communication, la traçabilité des produits et les tests en laboratoire des produits concernés.
«On prête aujourd’hui beaucoup plus d’attention à la façon dont les entreprises traitent le problème de produits défectueux ou contaminés, qu’à leur réactivité et à leur fiabilité en matière de sécurité des produits. Plus que jamais, les consommateurs se font entendre et prennent leurs décisions en fonction des entreprises et de leur manière de faire face aux crises. Une entreprise qui considère la gestion de crise comme faisant partie de son ADN est beaucoup moins vulnérable face à un scandale majeur», conclut Christoph Bentele.

Bernd de Wall
Allianz Suisse
8010 Zurich
Tél. 058 358 84 14
www.allianz.ch