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27 mars 2024 | La Revue POLYTECHNIQUE | Énergie & Environnement

Du bâtiment connecté au bâtiment intelligent

Pierre Cormon, Entreprise Romande

Les bâtiments comprennent de plus en plus de systèmes numériques fonctionnant généralement en silos. Un système permettant de les intégrer est proposé par l’entreprise genevoise SmartEvolution.

Le BOS vise à intégrer et coordonner tous les systèmes numériques d’un bâtiment.

Le BOS vise à intégrer et coordonner tous les systèmes numériques d’un bâtiment.

Vous réservez une salle de réunion, un matin d’hiver entre neuf et dix heures. Le chauffage se met automatiquement en marche quinze minutes avant la séance. Celle-ci se termine plus tôt que prévu; le chauffage est aussitôt stoppé.

Il s’agit d’un exemple de ce que permet le BOS (Building Operation Sytem) proposé par une jeune entreprise genevoise. SmartEvolution Services Sàrl a été fondée en 2022 par deux ingénieurs forts d’une riche expérience dans le bâtiment, le numérique et l’entrepreneuriat, Cédric Dubois et Marc Champsaur.

«Un bâtiment comprend de nombreux systèmes numériques, comme ceux liés au chauffage, à l’électricité, aux stores, aux détecteurs de présence, à la réservation des salles, aux applications de maintenance, etc.», explique Marc Champsaur. «Ils fonctionnent cependant souvent en silos.» Leurs données ne sont pas toujours exprimées dans des formats compatibles et, lorsqu’ils sont reliés entre eux, c’est souvent à travers une architecture complexe que les informaticiens surnomment spaghettiware. Les connexions sont faites au coup par coup, sans vision d’ensemble. «Si vous changez l’un des systèmes, il se peut que ceux auquel il est relié ne puisse pas lire les nouvelles données ou ne puisse pas se mettre à jour», ajoute Marc Champsaur.

Coordination

Le BOS est une plateforme qui vise à coordonner ces différents systèmes, de même que le système d’exploitation d’un ordinateur permet de coordonner des logiciels bureautiques, une imprimante, un micro et une caméra. Bref, «de passer d’un bâtiment connecté à un bâtiment intelligent», selon l’expression de SmartEvolution. Il permet aux gestionnaires de surveiller en temps réel, de contrôler et d'optimiser tous les systèmes du bâtiment: éclairage, climatisation, sécurité, réservation de salles, maintenance, parking, applications occupants, etc. Au lieu d’être connecté à plusieurs autres, chaque système n’a plus besoin d’être relié qu’au BOS. «Le BOS traduit les données des différents systèmes dans une base unique» explique Cédric Dubois. On peut ainsi changer l’un des systèmes sans que cela n’affecte la lisibilité de ses données par les autres. Toutes les données sont géolocalisées grâce à l’un des systèmes coordonnés par le BOS, le BIM (Building Information System, qui est un modèle numérique du bâtiment). Leur historique est conservé et reste la propriété du gestionnaire du bâtiment.

Dans l’exemple par lequel débute cet article, le système de réservation de salles et les détecteurs de présence communiquent avec le système de chauffage non pas directement, mais à travers le BOS. Le chauffage peut ainsi être enclenché un quart d’heure avant la réunion, et stoppé dès le moment où les participants ont quitté la salle, sans qu’aucune intervention humaine ne soit requise.

Vingt-cinq bâtiments

Spinalcore, le BOS que Smartevolution distribue et intègre chez ses clients, a été développé par l’entreprise parisienne Spinalcom. «Nous l’avons déjà installé dans vingt-cinq bâtiments, avec des surfaces au plancher allant de 2000 à 70'000 mètres carrés», relève Cédric Dubois. Parmi eux, des immeubles de bureaux et des établissements industriels.

A la clé, un meilleur confort pour les usagers du bâtiment, mais aussi des économies financières, assurent les deux associés. La mise en relation des différents systèmes permet de rationnaliser les processus, de gagner du temps et de diminuer la consommation d’énergie, mais aussi d’améliorer la sécurité, affirment-ils. «Multiplier les bases de données et les interactions entre elles décuple les risques d’intrusion», explique Cédric Dubois. «Une base unique est plus facile à défendre contre les attaques.»

A plus long terme, «nous sommes convaincus que les données ont aussi une valeur patrimoniale», conclut Marc Champsaur. «A l’avenir, les bâtiments dotés d’un riche historique de données prendront davantage de valeur, car les locataires voudront bénéficier des services qu’il permet d’offrir.»

Forts de leur expérience, les deux associés élargissent leur activité en lançant le conseil en bâtiment digital pour les acteurs immobiliers désirant créer de nouveaux services digitaux ou améliorer l’intégration numérique de leurs bâtiments, existants ou en projet.