Des abonnements
pour l'enrichissement
26 janvier 2015 | La Revue POLYTECHNIQUE 01/2015 | Éditorial

Éditorial (1/2015)

L’efficacité par la motivation
 
Le titre de cet éditorial semble sortir tout droit de la bouche du seigneur de La Palice. Il en émane aussi comme un effluve de déjà entendu: à la limite, une litote essayant de faire passer l’idée qu’une bonne motivation peut contrebalancer une misérable rétribution. Loin de moi cette pensée. Renversons donc ce titre: «la motivation source de l’efficacité». Bien, voici la motivation placée en tête de liste. Donc pour viser l’efficacité, il s’agit de définir les bases de la motivation. Nous allons derechef transposer ces réflexions préliminaires à la réalité économico-sociale des entreprises. Analysons d’emblée quelques facteurs de démotivation. En voici un parmi d’autres: le cas de ces chefs d’entreprise autoritaires qui s’attribuent personnellement le succès d’un travail d’équipe et font retomber la cause de leurs échecs sur leurs subordonnés. D’autres font appel aux services d’un coûteux cabinet de conseillers externes dont le rôle ultime est d’étayer les idées erronées du grand sachem pour les transformer en axiomes. On  pourrait aussi évoquer le cas du dirigeant victime du Principe de Peter, ayant atteint son niveau d’incompétence.
Passons maintenant aux facteurs de motivation. Les cadres supérieurs d’une entreprise doivent être tenus constamment informés de la marche des affaires. Ils se sentiront d’autant plus concernés s’ils sont intéressés aux bénéfices de l’entreprise, par exemple par le biais de bonus ou l’octroi d’actions privilégiées. Un membre de l’équipe de direction devrait d’ailleurs siéger par rotation au conseil d’administration. Chaque cadre supérieur gérera un budget à l’élaboration duquel il aura contribué et l’étendue de ses compétences sera définie par un cahier des charges adéquat. Les cadres intermédiaires et subalternes seront soutenus par la direction. Ils recevront également des bonifications sous forme d’action simples ou de bons de participation de la société et on établira à leur égard des plans de carrière précis afin qu’ils ne filent pas à la concurrence où leurs qualités seront appréciées à leur juste valeur.
Pour ce qui est de la main-d’œuvre qualifiée qui forme l’ossature de l’entreprise, on s’appliquera à aménager des postes de travail accueillants, individualisés et à établir des rapports de travail axés sur le partage et la collégialité. Chaque collaborateur sera constamment tenu informé, non pas uniquement des objectifs à court terme découlant de son occupation, mais également sur la marche générale des affaires. Et finalement pourquoi pas un journal d’entreprise. Non pas le «canard bébête» dans lequel on ne trouve que des statistiques sur les mouvements du personnel, le mot croisé, ainsi que le trombinoscope des jubilaires et retraités, mais un véritable bulletin de communication qui instaure un dialogue permanent entre la direction et la base.
 
par Edouard Huguelet