Des abonnements
pour l'enrichissement
17 décembre 2012 | La Revue POLYTECHNIQUE 12/2012 | Éditorial

Éditorial (12/2012)

La faillite du néolibéralisme
La crise a bon dos! Elle est prétexte à tout. Elle est même opportune tant les décisions et les directions guidées par les tenants du néolibéralisme n’ont pas bougé d’un iota. Un libéralisme sauvage dont la logique a conduit le monde à une crise économique mondiale en 2008 et qui dure toujours.
Plus personne, plus aucun Etat ne s’élève contre le renforcement des principes fondamentaux du néolibéralisme: refus d’imposer les plus fortunés; aucune sanction judiciaire contre les établissements financiers responsables de la débâcle; non-règlementation des activités financières; absence d’imposition des bonus, impunité des paradis fiscaux, Angleterre et Etats-Unis en tête…
Au revoir le siècle des lumières où l’on devait faire progresser les connaissances en encourageant les sciences et les échanges intellectuels s’opposant aux abus de l’Etat et de l’Eglise, par exemple. Longue vie au modèle élitiste néolibéral, qui n’a plus d’opposant digne de ce nom et qui façonne déjà notre futur. Un monde dominé par les grands groupes industriels, où les mythes de l’économie de marché et la concurrence déloyale se sont propagés, sans se soucier de leurs conséquences sociales.
On pourrait se demander si le néolibéralisme n’est pas une forme de dictature sous le couvert d’une crise de l’endettement, où nous sommes transformés en individus producteurs-consommateurs pour simplement soutenir la machine de l’ère industrielle. Avec comme conséquence une mauvaise répartition des richesses, une augmentation du temps de travail et également du chômage, ainsi qu’une exploitation illimitée du monde vivant, par exemple. Nous sommes dans un désengagement des Etats aux profits d’entreprises, de plus en plus, important. Même les banques sont dans cette course en plaçant, même parfois, d’ex banquiers de Goldman Sax à la tête de la Banque centrale européenne ou d’un Etat, par exemple. Mario Draghi président de cette banque et Mario Monti qui a pris les manettes de l’Italie, comme premier ministre. On peut donc affirmer que la crise est instrumentalisée par les élites politiques et financières, qui sont très liées, pour réduire la part des Etats dans le contrôle de l’économie, mais aussi les impôts des entreprises et des grandes fortunes.
Pour sortir de la crise, il faut contrer les mouvements infernaux de la mondialisation néolibérale et revoir tout notre système économique, qui profite à une petite classe de riches cherchant toujours à s’enrichir davantage aux dépends de la majorité de la population. Ces transformations ne seront possibles que sous la pression de mouvements sociaux. Les expériences récentes de luttes victorieuses en Europe (Islande) et sur le continent sud-américain (Argentine) montrent les voies d’une reconquête du pouvoir par les citoyens. A mon avis, la crise que nous connaissons actuellement marque la faillite du néolibéralisme. Mais actuellement, personne ne sait quand elle s’arrêtera et quel sera le montant final de la facture de cette aventure.
 
par James Dettwiler