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26 mars 2013 | La Revue POLYTECHNIQUE 03/2013 | Éditorial

Éditorial (3/2013)

Le scandale du Libor pour les nuls
Cinq ans après le début de la crise, certaines banques sont à nouveau sous les feux des projecteurs pour avoir manipulé le Libor entre 2005 et 2009. Ce taux de référence du marché interbancaire est essentiel car il permet de déterminer le prix de 350’000 milliards de dollars de produits financiers. Servant de référence, il est également le taux utilisé par les banques lorsqu’elles se prêtent de l’argent. Il conditionne enfin les taux d’intérêts payés par des centaines de milliers de personnes pour leurs prêts immobiliers et ceux touchant les petits commerces, les étudiants, les produits d’assurance, etc.
Pour arranger leurs affaires, ces grandes banques ont manipulé ce taux, pour certaines, dans l’objectif de cacher leur fragilité. Si ce fameux Libor, censé être déterminant dans la transparence financière est faussé, cela montre que l’ensemble de la finance mondiale repose sur des fondations fragilisées; et que les bilans des banques, les comptes et les résultats, sont biaisés. Du fait de ces manipulations, des millions d’emprunteurs, comme vous et moi, ont payé un taux d’intérêt falsifié durant des années. Au moins une bonne chose concernant un tel scandale: il vient nous rappeler qu’aucune réforme sérieuse n’a été engagée depuis le début de la crise financière.
A mi-janvier, les anciens dirigeants de l’une de nos grandes banques suisses ont dû s’auto-flageller et affronter la commission d'enquête britannique, après avoir déjà payé une amende de près d'un milliard et demi de francs, suite à un accord avec les autorités américaines, britanniques et suisses. Son ancien directeur général a déclaré, devant des parlementaires britanniques, qu'il avait été «choqué» et «honteux» d'apprendre l'implication de notre fameuse banque dans le scandale de manipulation du Libor. De cet exemple, on peut présumer que si une telle entreprise accepte de coopérer, cela revient à reconnaître implicitement que des pratiques illicites ont bien pu avoir lieu. Non seulement cette banque apparaît trop grande pour faire faillite, mais désormais trop grande aussi pour être surveillée.
En réalité, actuellement, plus personne ne contrôle les grandes banques: ni les gouvernements, ni les autorités de contrôle dont c'est pourtant le rôle. Cet état de fait nous interpelle. Des liens si étroits entre les pouvoirs politiques et les grandes banques dans tous les pays ne révèleraient-ils pas une forme d’impunité inquiétante et difficile à accepter. Ce sont des questions que nous pouvons nous poser… Mais les liens entre les pouvoirs politiques et les grandes banques dans tous les pays sont si étroits que nous pouvons nous demander si ce n'est pas une forme d’impunité inquiétante et difficile à accepter. Tout ceci, trahissant une culture rampante de la malhonnêteté, montre un système financier capable d’élever
 
par James Dettwiler