24 mars 2017 |
La Revue POLYTECHNIQUE 03/2017 |
Éditorial
Éditorial (3/2017)
À la recherche de la vie ailleurs
Après la découverte de Proxima b, l’exoplanète qui nous est la plus proche et qui pourrait posséder une atmosphère ainsi que de l’eau, la révélation par des scientifiques des universités de Liège et de Genève, de sept petites planètes situées à 40 années-lumière de la Terre - dont trois dans la zone habitable -, met plus que jamais à l’ordre du jour la recherche de la vie ailleurs.
Sans aller aussi loin, c’est sur Mars que les chercheurs se focalisent, car la Planète rouge est l’astre le plus semblable au nôtre. Elle possède de l’eau, ainsi qu’une atmosphère comportant des traces d’oxygène et de méthane, signatures de possibles formes de vie.
Si la probabilité de trouver une activité biologique sur d’autres planètes du Système solaire est faible, il n’en va pas de même de certains de leurs satellites. Encelade, l’une des lunes de Saturne, abrite un vaste océan souterrain recelant une activité hydrothermale, ce qui le rendrait propice à la vie. Titan, un autre de ses satellites, pourrait héberger des formes de vie basées non pas sur l’eau, mais sur le méthane. Au cours de son périple interplanétaire, la sonde Galileo a découvert qu’Europe, Callisto et Ganimède, trois des lunes de Jupiter, possèdent sous leur surface gelée, un océan d’eau liquide qui serait susceptible d’accueillir la vie.
Et qu’en est-il hors du Système solaire ? Notre galaxie recèle quelque cent milliards d’étoiles et à peu près deux fois plus d’exoplanètes. Quant à l’Univers dans son entier, il pourrait en abriter 1023, un nombre… astronomique ! Les possibilités d’y trouver des formes d’activité biologique sont donc bien réelles. Mais sous quelles formes ?
Des chercheurs australiens viennent de découvrir la plus ancienne trace de vie sur Terre; elle remonte à 3,7 milliards d’années. Comment est-elle apparue ? Comment la matière inerte a-t-elle pu synthétiser des nucléotides, de l’ARN puis de l’ADN qui, encapsulé par des lipides, a réussi à former des cellules ? L’apparition de la vie est-elle due au hasard ou est-elle l’aboutissement ultime d’une chimie prébiotique ? On l’ignore encore. La fameuse expérience de Miller a démontré, en 1953, qu’un mélange d’eau, de méthane, d’ammoniac et d’hydrogène soumis à des décharges électriques, donne naissance à des acides aminés, briques du vivant. Récemment, l’équipe du biologiste Craig Venter a prouvé, en synthétisant une bactérie, qu’un ADN composé de 473 gènes suffit pour assurer la vie.
Ces conditions sont-elles réunies sur d’autres planètes ? Le télescope spatial James Webb, dont le lancement est prévu en 2018, pourrait nous apporter une réponse. Il aura pour objectif d’observer une centaine d’exoplanètes, d’étudier leur atmosphère pour y déceler des traces d’eau, voire d’autres molécules et peut-être, d’y déceler la vie.

par Michel Giannoni
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