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25 avril 2013 | La Revue POLYTECHNIQUE 04/2013 | Éditorial

Éditorial (4/2013)

Prévenir vaut mieux que guérir
Par Toutatis ! Eh bien oui, le ciel est tombé sur la tête des habitants de Tcheliabinsk dans le sud de l’Oural, le 15 février dernier. Cet événement est entré dans l’histoire, car pour la première fois, des Terriens ont vu de leurs propres yeux une météorite de quelque 16 m de diamètre exploser au-dessus d’eux et disperser ses fragments incandescents, faisant des centaines de blessés. C’est aussi pour la première fois que les scientifiques disposent d’observations en temps réel, fournies par des milliers de témoins et des centaines de cybercaméras. Grâce aux relevés des sismographes, aux enregistrements d’infrasons et aux données des satellites, les astronomes ont pu reconstituer la trajectoire de cet objet céleste et déterminer son origine. Les données récoltées permettront aux scientifiques de les confronter à leurs modèles et à leurs simulations informatiques, afin de les améliorer.
Jamais dans l’histoire, l’impact d’un astéroïde n’aura été suivi de si près. On avait bien, en 1994, observé en direct la chute de la comète Shoemaker-Levy 9, mais cela se passait sur Jupiter. Alors que tous les télescopes étaient braqués sur l’astéroïde 2012 DA 14 qui s’apprêtait, le même jour, à frôler la Terre, l’approche du bolide de Tcheliabinsk est passée complètement inaperçue ! Ce géocroiseur, qui fonçait vers notre planète à près de 65’000 km/h, n’a été vu que 16 secondes avant l’impact ! Son éclat était alors 40 fois plus intense que le Soleil.
Ainsi, 105 ans après l’événement de la Toungouska qui a frappé la Sibérie le 30 juin 1908, un phénomène dont la probabilité est estimée à une fois par siècle, vient de se répéter. Et pour confirmer cette périodicité, le 26 avril 1803, près de trois mille fragments d’une météorite s’abattaient sur la commune de L’Aigle, en Basse-Normandie. Cet événement, relaté par l’astronome Jean-Baptiste Biot, marqua le début des études scientifiques des météorites et la validation de leur origine extra-terrestre.
La chute du bolide de Tcheliabinsk nous rappelle que la menace liée à ces débris issus de la formation du Système solaire est bien réelle. Alors comment prévenir une catastrophe ? D’abord en observant le ciel pour les détecter suffisamment tôt et anticiper leur trajectoire. C’est ce que feront, à partir de 2015, les huit télescopes du programme Atlas de la Nasa, établis à Hawaï. Ensuite, en allant leur rendre visite, comme l’a fait la sonde japonaise Hayabusa sur l’astéroïde Itokawa. Une mission devrait aller explorer Apophis, un géocroiseur de 325 m qui frôlera la Terre en 2029. Enfin, il faudra être capable de détourner la trajectoire de ces bolides en les percutant avec un objet massif. Des projets sont à l’étude, tant à la Nasa qu’à l’ESA. Ils ont été l’objet de discussions lors de la Planetary Defence Conference qui s’est tenue du 15 au 19 avril à Flagstaff, en Arizona.
 
par Michel Giannoni