26 août 2016 |
La Revue POLYTECHNIQUE 08/2016 |
Éditorial
Éditorial (8/2016)
Industrie 4.0: vers un monde connecté
Le terme «Industrie 4.0» a été énoncé pour la première fois le 4 avril 2011 lors d’un débat dans le cadre de la Foire de Hanovre, pour caractériser une nouvelle évolution industrielle, et être ensuite repris et soutenu par le gouvernement allemand avant de se répandre comme une traînée de poudre à travers le monde entier. Pourquoi ce chiffre 4 ? Simplement pour décrire quatre stades de l’évolution industrielle. Le premier (Industrie 1.0) concernant la mécanisation, le deuxième (Industrie 2.0) l’électrification des machines et la production de masse, le troisième (Industrie 3.0) l’automatisation et le quatrième (4.0) la numérisation (réseaux communicants, internet et banques de données).
On appelle aussi Industrie 4.0 l’usine intelligente («smart Factory»). Cette nouvelle dénomination a eu un effet quasi incantatoire qui a déchaîné l’imagination débridée des gourous du marketing. On la met à toutes les sauces et c’est une avalanche continuelle de surenchère. Certains font encore plus fort et parlent même d’«Industrie 4.1» pour se hisser au dessus de leurs concurrents.
Industrie 4.0, c’est également l’explosion de l’IoT (Internet of Things – l’Internet des objets), du stockage externalisé de données massives centralisées («cloud») ou de son contraire le «fog» (îlots d’intelligence décentralisée reliés en réseaux). L’intégration des moyens numériques est toujours plus poussée. Les mécanismes deviennent invisibles: un dialogue secret continuel s’établit entre capteurs, automatismes et actuateurs, avec l’intervention de nombreux algorithmes, qui échappe de plus en plus à la supervision humaine. Les bipèdes ne se retrouvent plus qu’aux deux extrémités du système: en amont pour la préparation des programmes et des algorithmes ou en queue de chaîne, pour le nettoyage, l’entretien, la réparation et la mise au rancart de l’outil de production.
Dans le domaine de la fabrication, l’intégration numérique se vit sous la forme d’un flux continu entre l’idée et l’objet final, donc depuis les étapes de la conception numérique (CAO), puis de la simulation numérique, jusqu’à l’édition automatique des gammes de fabrication (FAO). Les systèmes de production se présentent sous la forme de réseaux comportant des ordinateurs, des automates programmables, des capteurs et des systèmes de fabrication à commande numérique (CNC).
En Suisse, pour aider les entreprises, notamment les PME dans ce processus d’intégration numérique inexorable et parfois déroutant, les associations faîtières Asut, electrosuisse, Swissmem et SwissT.net ont lancé à cet effet une initiative appelée «Industrie 2025». Le site: www.industrie2025.ch. D’autre part, les écoles d’ingénieurs s’attellent d’un pied ferme à l’usine du futur, par exemple la HEIG-VD, sous la houlette du professeur François Birling, avec sa plate-forme mecatronYx. Site: mecatronyx.heig-vd.ch.par

Edouard Huguelet
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