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26 août 2019 | La Revue POLYTECHNIQUE 08/2019 | Éditorial

Éditorial (8/2019)

Exploits et miracles des missions Apollo

«Le destin a voulu que les hommes qui sont allés explorer la Lune y resteront pour y reposer en paix. Ces aventuriers courageux savent qu’ils n’ont aucun espoir d’être secourus. Mais ils savent également que leur sacrifice est porteur d’espoir pour l’humanité. Ils ont donné leur vie pour le dessein le plus noble, la quête de la connaissance. Ils seront pleurés par leurs familles et amis; ils seront pleurés par leurs compatriotes; ils seront pleurés par les peuples du monde entier; ils seront pleurés par la Terre, notre mère, qui a eu l’audace d’envoyer deux de ses fils vers l’inconnu. D’autres suivront et trouveront certainement le chemin du retour. (…)»Cette note, intitulée «Dans l’éventualité d’un désastre lunaire», est heureusement restée dans un tiroir de la Maison-Blanche. Mais il s’en est fallu de peu.

À 18 h 44, le 20 juillet 1969, le LEM entame sa descente vers la Lune. La phase d’alunissage avait certes été testée par la mission Apollo-10, mais seulement jusqu’à 15 km du sol lunaire. Neil Armstrong et Buzz Aldrin entrent alors en territoire inconnu. Car, lors de ces derniers kilomètres, des irrégularités de la gravité lunaire ont dévié le LEM, dont l’ordinateur de bord – moins performant que le plus mauvais de nos smartphones – ne pouvait prendre en compte ce phénomène. À une altitude de 170 m, Neil Armstrong passe alors en pilotage manuel et constate que le vaisseau se dirige vers un cratère entouré de rochers. Il doit éviter l’obstacle, mais il ne reste que dix-sept secondes de carburant et Houston commence le compte à rebours pour l’abandon de la mission. Quelques instants plus tard, le voyant de contact avec le sol s’allume !
Vingt-deux heures après l’alunissage, les deux astronautes remontent dans le LEM et se préparent au départ. Mais ils ont failli ne pas quitter l’astre sélène; l’un des boutons enclenchant l’allumage du moteur avait été cassé et Buzz Aldrin a dû utiliser la pointe d’un stylo pour déclencher le démarrage !
Ce n’est pas seulement le vol d’Apollo-11 qui a failli tourner au désastre. Lors de la mission précédente, alors que le LEM s’apprête à remonter après s’être approché de la surface lunaire, chacun des deux astronautes, sans que l’autre s’en aperçoive, a actionné le même interrupteur, si bien que celui-ci est resté dans sa position initiale. Le LEM s’est alors mis à tourner sur lui-même et sans le sang-froid de Thomas Stafford, qui a réussi à reprendre le contrôle, le module lunaire d’Apollo-10 se serait écrasé sur la Lune.
Apollo-12 a également donné le frisson aux contrôleurs d’Houston, la foudre ayant frappé deux fois la fusée au cours de la première minute de vol, déconnectant les piles à combustible qui alimentent le module de commande et déréglant les instruments. Quant à la mission Apollo-13, immortalisée par le film éponyme, le retour des astronautes après l’explosion d’un réservoir d’oxygène liquide tient du miracle.
 
par Michel Giannoni