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Revue internationale de CRIMINOLOGIE et de POLICE technique et scientifique
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13 décembre 2016 | Revue internationale de CRIMINOLOGIE et de POLICE technique et scientifique 04/2016

En première ligne face aux violences domestiques et sexuelles: attitudes et représentations des professionnels de santé

par Emmanuel Escard, Chiara Torreggiani, Jean-Marc Theler, Idris Guessous et Véronique Jaquier

Les professionnels de santé sont en première ligne pour l’accueil, l’orientation et la prise en charge des patients vivant ou ayant vécu des situations de violences domestiques et sexuelles. Dans ce contexte, leurs attitudes et représentations en matière de violences domestiques et sexuelles ont un impact sur leur relation avec les patients. Cette recherche avait pour objectifs d’analyser les attitudes et représentations des professionnels de santé des Hôpitaux Universitaires de Genève concernant les situations de violences domestiques et sexuelles, et de les examiner en regard de la prise en charge de telles situations en milieu hospitalier et ambulatoire. Administrée sous forme d’enquête en ligne, elle a permis de recueillir les attitudes et représentations de 1’186 professionnels de santé identifiés comme prodiguant directement des soins aux patients. Les analyses ont mis en évidence la qualité des connaissances de ces professionnels et, dans l’ensemble, leur faible degré d’adhésion aux stéréotypes et mythes des violences domestiques et sexuelles. Elles ont permis de souligner l’absence de tolérance des participants en matière de violences domestiques et leur rejet des propos visant à culpabiliser les victimes de violences sexuelles. Si certains professionnels de santé se sont déclarés inquiets d’une possible aggravation des violences engendrée par leur dépistage, la majorité d’entre eux a reconnu l’importance et la possibilité d’une intervention médicale, même lorsque les victimes sont réticentes à reconnaître les abus subis. Bien que leurs positions n’aient pas été unanimes, nombre de professionnels ont témoigné de compétences spécifiques insuffisantes pour la prise en charge de situations de violences domestiques et sexuelles et réfuté l’idée que les violences peuvent être détectées en regard du seul comportement des victimes et sans être explicitement discutées. Si, en moyenne, seule une personne sur dix a indiqué avoir bénéficié d’une formation spécifique à la prise en charge de situations de violences domestiques et sexuelles, plus de trois participants sur quatre se sont déclarés intéressés par une telle formation.