Industrie tech : l’horizon s’assombrit de plus en plus
Swissmem
Au cours du premier semestre 2023, l’industrie tech suisse (industrie des machines, des équipements électriques et des métaux, ainsi que des branches technologiques apparentées), a été touchée par le ralentissement économique. Globalement, les entrées de commandes ont diminué de 9,6 % par rapport au semestre correspondant de l’année précédente. Avec -14,3 %, le recul a été nettement plus marqué au deuxième trimestre que lors du trimestre précédent (-4,8 %). Les exportations ont également baissé de 1,1 % au cours du premier semestre. Les chiffres d’affaires se sont maintenus au niveau de l’année précédente (+0,7 %). Le faible niveau de l’indice des directeurs d’achat dans le monde entier, ainsi que les attentes assombries des entrepreneurs, laissent présager un deuxième semestre difficile. Les entreprises souffrent également de l’appréciation rapide du franc suisse et des désavantages concurrentiels par rapport à la concurrence étrangère, qui bénéficie de milliards de subventions dans certaines branches. Il est donc d’autant plus important d’améliorer les conditions-cadres pour l’industrie tech : il faut assurer les accords bilatéraux avec l’UE sans concessions politiques sur les mesures d’accompagnement. De plus, nous avons besoin de nouveaux accords de libre-échange avec l’Inde, le Vietnam, la Thaïlande et le Mercosur.
Au cours du premier semestre 2023, les entrées de commandes dans l’industrie tech ont diminué de 9,6% par rapport au même semestre de l’année précédente. Les chiffres d’affaires se sont maintenus au niveau de l’année dernière (+0,7 %). La tendance à la baisse s’est nettement accentuée au deuxième trimestre. Par rapport à la même période de l’année précédente, les entrées de commandes ont diminué de 14,3% et les chiffres d’affaires de 3,4 %, les grandes entreprises étant plus fortement touchées par le recul du chiffre d’affaires que les PME. Au deuxième trimestre, le taux d’utilisation des capacités dans les entreprises a atteint 88,2 %. Il n’était donc que légèrement inférieur à celui du premier trimestre (89,5 %) et était donc toujours supérieur à la moyenne à long terme (86,2 %). Cela s’explique par le fait que les carnets de commandes des entreprises sont toujours bien remplis. Cela se traduit également dans le nombre de collaborateurs. Avec 329 900 personnes, l’industrie tech occupait 9 000 personnes en plus au deuxième trimestre que par rapport au trimestre correspondant de l’année précédente.
Les exportations de marchandises vers les marchés principaux diminuent
Au cours du premier semestre 2023, les exportations de marchandises de l’industrie tech suisse ont atteint une valeur de 36,1 milliards de francs. Ceci correspond à un recul de 1,1 % par rapport à la même période de l’année précédente. Le recul des exportations de métaux (-9,0 %) a été déterminant. Les exportations d’instruments de précision ont également légèrement diminué (-0,4 %). En revanche, les exportations ont quelque peu progressé en termes nominaux dans le domaine de l’électrotechnique/électronique (+1,9 %) et de la construction de machines (+1,0%). Les exportations ont reculé dans tous les marchés principaux. Concrètement, cela se traduit par des diminution des exportations de 2,5 % vers l’Asie, de 0,3% vers les États-Unis et de 1,2 % vers l’UE, le recul vers l’Allemagne (2,7 %) étant particulièrement important.
Sombres perspectives
Globalement, l’ambiance dans les entreprises membres de Swissmem s’est encore assombrie au cours du deuxième trimestre 2023. Pour les douze mois à venir, 37 % des entrepreneurs s’attendent à un recul des commandes de l’étranger. Cela correspond à un tiers de plus qu’au premier trimestre 2023. En même temps, la part de ceux qui s’attendent à une augmentation des commandes a diminué d’un tiers. Le niveau de l’indice des directeurs d’achat (PMI) dans l’industrie confirme l’assombrissement des perspectives. Dans presque tous les marchés importants - en particulier dans la zone euro et, de manière plus prononcée, en Allemagne, en Chine et aux États-Unis - l’indice PMI en juillet 2023 présageait un fort ralentissement.
Mais les différences entre les sous-branches sont considérables. Les affaires restent bonnes pour les entreprises engagées dans la sous-traitance pour l’industrie aéronautique ainsi que celles actives dans le secteur de l’environnement et de l’énergie. Les entreprises des secteurs de la métallurgie, de l’automobile et des machines textiles sont fortement sous pression. De nombreuses entreprises peuvent encore puiser dans les carnets de commandes bien remplis. Par conséquent, Swissmem ne s’attend pas à court terme à des suppressions d’emplois significatives, d’autant plus qu’il existe toujours une forte pénurie de spécialistes. Toutefois, la situation inquiète fortement Stefan Brupbacher, directeur de Swissmem : « Les prochains mois risquent d’être difficiles pour les entreprises de l’industrie tech suisse. Dans le meilleur des cas, le niveau élevé du carnet de commandes pourra quelque peu compenser le ralentissement jusqu’à ce que les commandes reprennent. Cependant, nous ne pouvons pas exclure une coupe profonde considérant la mauvaise situation conjoncturelle sur de nombreux marchés importants. De plus, la hausse des taux d’intérêt dans le monde entier bloque les investissements. »
Lueur d’espoir en Inde
L’Inde se distingue comme une exception positive dans les statistiques d’exportation. Les exportations de marchandises dans ce marché émergent ont augmenté quant à elles de 11,1 % au premier semestre pour atteindre une valeur d’un demi-milliard de francs. À ce sujet, Martin Hirzel, président de Swissmem déclare : « De nombreuses entreprises veulent devenir moins dépendantes de la Chine et commencent à se tourner vers l’Inde en quête d’un site de production alternatif. Cela soutient nos exportations de machines. » Cependant, le développement positif du marché indien ne suffira pas à compenser le ralentissement à venir. Pour cela, nous avons besoin de manière générale de meilleures conditions-cadres, comme par exemple de nouveaux accords de libre-échange avec l’Inde, la Thaïlande, la Malaisie et le Mercosur, ainsi que d’un traité amélioré avec la Chine.
L’approche la plus importante en matière de conditions-cadres réside toutefois dans nos rapports avec l’Europe. L’UE restera le partenaire commercial le plus important dans les décennies à venir. « Au vu des tensions croissantes entre les grands blocs de pouvoir mondiaux, l’UE pourrait devenir encore plus importante pour la Suisse », souligne Martin Hirzel. « Par conséquent, nous devons rétablir les relations avec l’UE sur une nouvelle base stable. J’attends du Conseil fédéral que le mandat de négociation soit formulé à la fin de l’année et que les négociations soient achevées d’ici le milieu de 2024. »
Philippe Cordonier
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