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15 février 2017 | La Revue POLYTECHNIQUE 12/2016 | Économie

La santé des technologies médicales

Comme il ressort du récent rapport d’EY, pour la première fois depuis près de dix ans, le chiffre d’affaires des entreprises médicales fléchit dans le monde entier. Cela notamment à cause des entreprises américaines, qui ne sont pas actuellement en très bonne santé et pèsent sur l’ensemble de la branche. En revanche, elles se sont très bien comportées sur les marchés des capitaux.
Malgré le fléchissement du chiffre d’affaires des technologies médicales, les entreprises continuent toutefois d’investir dans la recherche et le développement. En 2015, ces dépenses ont augmenté de 6 % par rapport à l’année précédente. La valeur de marché des quelque 500 entreprises examinées a progressé de 13 % en 2015 et de 15 % depuis le début de 2016. Le nombre des introductions en Bourse a, en revanche, nettement fléchi en 2015, avant de s’effondrer cette année. Les jeunes pousses, qui sont parvenues à lever plus de fonds en 2015 que l’année précédente, offrent une lueur d’espoir. Le rapport d’EY sur le sujet fait état d’un secteur en stagnation, par manque d’innovation.

 
Les Européens meilleurs élèves
Après des années de croissance molle, le chiffre d’affaires réalisé sur le plan mondial dans le secteur des technologies médicales a atteint 337 milliards de dollars en 2015, soit une baisse de 1,2 %. À cet égard, la divergence entre les États-Unis et l’Europe est particulièrement marquée: alors que le chiffre d’affaires des technologies médicales européennes a progressé de 21 % pour atteindre 129 milliards de dollars, celui de la concurrence américaine s’est replié de 11 % à 209 milliards. Le bénéfice net cumulé de l’ensemble du secteur a fléchi de 15 % en 2015 et ne s’élève plus qu’à 13,7 milliards de dollars.
Malgré ce recul, les sociétés médicales se sont très bien comportées sur les marchés des capitaux, cette année également. La capitalisation boursière de toutes les entreprises médicales analysées se montait à 717 milliards de dollars à la fin 2015, en hausse de 13 %. Leur capitalisation avait certes progressé plus fortement les années précédentes, mais la valeur boursière des principaux indices de comparaison avait nettement moins augmenté. Tout indique que la valeur de marché du secteur va de nouveau s’accroître cette année. Au cours des neuf premiers mois de 2016, elle a déjà enregistré une hausse de 14,7 %, à 822 milliards de dollars.
Le nombre des transactions au plus haut
Les transactions réalisées dans le domaine des fusions et acquisitions témoignent également de l’attractivité des technologies médicales. Par rapport à la période correspondante de l’année précédente, le marché des fusions et acquisitions a connu une grande effervescence. De juillet 2015 à juin 2016, les investissements totaux se sont montés à 77,4 milliards de dollars, soit une hausse de 28 %.
Les investissements étaient très largement répartis. Ainsi, sur un total de 77,4 milliards de dollars, les transactions d’une valeur inférieure à 10 milliards de dollars ont atteint à elles seules 47,2 milliards. Par rapport à l’année précédente, le nombre de transactions a donc augmenté de 37 %, atteignant le nouveau record de 213 opérations.
 
Des sources de financement diversifiées
Les places boursières n’ont pas été très favorables aux nouveaux venus l’année dernière. Alors que 41 introductions en bourse avaient été lancées de juillet 2014 à juin 2015, seules 15 entreprises médicales s’y sont aventuré au cours de la période correspondante 2015/2016. Les fonds levés, en diminution de 74 %, n’ont atteint que 590 millions de dollars, soit le montant le plus faible depuis 2012. Jusqu’à fin septembre de cette année, on n’a dénombré que deux introductions en bourse à l’échelle mondiale.
Fin juin 2016, les sources de financement au travers du marché des capitaux ou par endettement ne se montaient plus qu’à 20,2 milliards de dollars, soit la valeur la plus faible depuis cinq ans; ces dernières années cependant, la majeure partie du financement était couverte par des fonds de tiers. Les financements par emprunt sont tombés de 42 milliards de dollars en 2014/15 à 12 milliards en 2015/16.
Jürg Zürcher, responsable médical d’EY Suisse, explique: «Les entreprises médicales ne parviennent plus à générer de la croissance grâce à leurs produits. Elles manquent d’innovations permettant d’offrir aux clients une vraie valeur ajoutée. C’est pourquoi le secteur est en pleine transformation. Alors que certaines entreprises tablent avant tout sur la taille et le volume du portefeuille en cherchant à racheter des candidats appropriés, d’autres tentent de répondre plus largement aux besoins des clients.»
 
Les chiffres d’affaires des grands groupes mixtes en baisse
Les pertes de chiffres d’affaires ont surtout concerné les grands groupes mixtes. Leur chiffre d’affaires global, en baisse de 6 %, est tombé à 143 milliards de dollars. Les entreprises de technologie médicale proprement dites ont certes réalisé une progression de 2 %, à 194 milliards, mais elles sont restées largement en deçà des résultats enregistrés les années précédentes.
«Bon nombre de grands groupes mixtes se redimensionnent, allègent leur portefeuille et vendent les unités de production qui ne font plus partie de leur cœur de métier», souligne Jürg Zürcher. Ainsi, le groupe allemand Bayer s’est séparé de sa filière Diabète et le groupe américain Johnson & Johnson a vendu sa filiale d’appareils médicaux Cordis. Pour ce qui est des entreprises médicales proprement dites, l’évolution va exactement dans l’autre sens. Leur chiffre d’affaires a augmenté en 2015 grâce aux acquisitions réalisées l’année précédente.
 
Les capitaux surtout attirés par les jeunes pousses
Les investisseurs tablent en outre sur les jeunes entreprises, qu’ils alimentent en capital-risque, comme jamais jusqu’ici. C’est avant tout durant la première phase de développement que celles-ci parviennent à lever des fonds. «Les investisseurs découvrent et soutiennent de plus en plus les jeunes pousses, c’est une évolution encourageante», affirme Jürg Zürcher. «Longtemps, l’accent a été mis essentiellement sur les succès à court terme, de sorte que les investisseurs se sont concentrés sur les grandes entreprises médicales qui promettaient de verser des dividendes. Cette stratégie risque toutefois de s’avérer dangereuse pour le secteur, car les fonds pour la recherche et le développement manquent et freinent de ce fait les innovations», ajoute-t-il.
Les entreprises attendent des innovations avant tout de la part de leurs services de recherche et de développement, qui ont perçu cette année 15 milliards de dollars, soit 6 % de plus que l’année précédente. Ainsi, dans ce domaine, les moyens n’ont cessé d’augmenter depuis 2009.
 
La pression du changement s’accentue
Pour Jürg Zürcher, la pression du changement et de l’innovation sur les entreprises médicales a même tendance à augmenter: «Le rythme du changement s’accroît. Les macro-tendances telles que les mégadonnées (big data) ou les technologies numériques ou mobiles représentent de nouvelles opportunités de croissance, y compris pour les entreprises médicales. Les appareils de technologie médicale intelligents sont en mesure de se connecter par Internet et d’échanger des données importantes. L’analyse de mégadonnées permet, par exemple, d’élaborer des traitements de meilleure qualité et plus efficaces pour les patients atteints de diabète.»
Jürg Zürcher pense que le secteur médical connaîtra une légère reprise et ne s’attend pas à une stagnation à long terme. Durant le premier semestre 2016, les chiffres d’affaires ont de nouveau nettement progressé par rapport à la période correspondante de l’année précédente. Les défis à relever resteront toutefois importants, de sorte que la transformation évoquée s’intensifiera. Ces dernières années, la croissance par acquisition constituait la stratégie dominante du secteur. Cela devrait perdurer, car les entreprises continuent de se concentrer sur leurs priorités stratégiques. Dans cet environnement, elles ne sont guère en mesure de distribuer des dividendes aux actionnaires; elles doivent au contraire investir dans des acquisitions et des partenariats stratégiques et gérer plus efficacement la recherche, de façon à développer les produits innovants dont elles ont urgemment besoin.
Des informations complémentaires figurent sous:
www.ey.com/vitalsigns.
 
À propos de l’organisation mondiale EY
L’organisation mondiale EY est un leader dans le domaine des services de l’audit, de la fiscalité, des transactions, du droit et du conseil. Elle utilise son expérience, ses connaissances et ses services afin de contribuer à créer un lien de confiance au sein des marchés financiers et des économies à travers le monde. EY désigne toutes les sociétés membres d’Ernst & Young Global Limited (EYG). L’organisation EY est représentée en Suisse par Ernst & Young SA, qui possède dix bureaux en Suisse, et au Liechtenstein par Ernst & Young AG, à Vaduz.
 
Ernst & Young SA
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www.ey.com/ch