Des abonnements
pour l'enrichissement
23 février 2015 | La Revue POLYTECHNIQUE 12/2014 | Horlogerie

Les créateurs indépendants

Edouard Huguelet

Le but des membres fondateurs de l’AHCI (Académie horlogère des créateurs indépendants) consiste à montrer que, parallèlement à la fabrication industrielle des montres et horloges, il y a une place pour les créateurs indépendants. Cette académie a été fondée en 1984 par Vincent Calabrese et Svend Andersen. Son siège est à Zürich.
C’est en 1985 que fut organisée en 1985 la première exposition, au Musée de l’horlogerie du Locle. Une manifestation qui regroupait six membres venus présenter des pièces uniques. Actuellement l’Académie regroupe une trentaine de membres répartis non seulement en Suisse, mais dans le monde entier. Cette organisation n’est pas un regroupement d’entreprises, mais réellement une association de personnes, en l’occurrence des créateurs horlogers.

Vincent Calabrese: «Nous étions convaincus qu’après la crise horlogère provoquée par l’arrivée de la montre à quartz au milieu des années 1970, on voyait renaître à cette époque un intérêt grandissant pour la montre mécanique».
 
Hora Nova tourbillon Régulateur,
de Vincent Calabrese.
«Carrousel 1 minute» de Blancpain, une création de Vincent Calabrese.
Corum Golden Bridge.
 
Vincent Calabrese
Vincent Calabrese est un horloger absolument atypique. Plein de verve, expressif et pourtant modeste, c’est un autodidacte au sens global du terme. Iconoclaste et provocateur, faisant fi des traditions horlogères classiques, il se distingue d’une part par la fécondité de ses créations toutes empreintes d’une originalité parfois surprenante et, d’autre part, par son enthousiasme jamais démenti pour l’alliance entre esthétique et fonctionnalité.
 
Horloges de Vincent Calabrese.
 
C’est encore l’un des rares horlogers capables d’3ntièrement réaliser des mouvements manuellement. Ses mouvements sont habituellement en or 18 carats, mais à notre connaissance, il est le seul artisan horloger capable d’en réaliser également en platine 950.

Son style d’horlogerie qu’il appelle actuellement «Spatiales», s’applique à ses créations uniques, souvent très complexes et qui pourtant surprennent par leur esthétique pure, souvent dépouillée: complexité n’est pas synonyme de sophistication!
Il faut aussi mentionner quelques prouesses techniques, notamment le mouvement «tourbillon Volant». Il concevra aussi bien une montre populaire telle que la Commedia (montre à quartz plaquée or) qu’une création sur mesure en or 18 carats ou platine 950 entièrement construite à la main de A à Z. toutes ses créations sont animées par un mouvement unique et original. Même les habillage qui sont réalisés sans apport d’idées externes, faisant souvent fi des canons traditionnels en matière de haute horlogerie. C’est là l’une des facettes de l’aspect iconoclaste du personnage!
 
Poésies mécaniques.

 

Promouvoir une profession exceptionnelle
Ce qui unit les plus de trente membres individuels qui composent l’Académie, c’est une solide connaissance de la mécanique horlogère. Ils se réunissent pour promouvoir leur aptitude à créer des œuvres exceptionnelles, parfois uniques, tout en faisant évoluer leur créativité et leurs connaissances, qu’il s’agisse de la technique ou de l’esthétique des créations, une attitude propre à affirmer la pérennité du patrimoine horloger.
L’AHCI participe année après année au salon «Baselworld», ainsi qu’à d’autres manifestations similaires dans le monde entier. De la sorte ils peuvent rencontrer des amateurs de belle horlogerie et des collectionneurs, tout en présentant leurs innovations et chefs-d’œuvre à la presse internationale.
Vincent Calabrese précise: «Notre mission ne consiste pas uniquement à préserver et maintenir l’héritage horloger, mais aussi et surtout de promouvoir cette profession exceptionnelle en offrant aux jeunes et talentueux horlogers la possibilité de réaliser et partager leur expérience avec les autres membres de l’AHCI et de pouvoir présenter leurs créations dans le cadre des divers salons spécialisés».
Et Vincent Calabrese d’ajouter: «L’académie est prépondérante pour aider une nouvelle génération de créateurs indépendants à développer leurs propres marques».
 
De la Corum à Blancpain
1977 Création des «Spatiales». Médaille d’or au Salon des Inventions de Genève. Création de la «Golden Bridge – Corum». 1985 Création du «Tourbillon Volant». Cofondateur de l’Académie Horlogère des Créateurs Indépendants. 1986 Création de l’«Esprit». Création du Tourbillon – Blancpain. Trophée de l’association des horlogers de Madrid, prix Manuel Gutierrez. 1987 Création de la Symboliques «Italie» 1989 Création du «Baladin». Médaille d’argent au Salon des Inventions de Genève - Création de la «Two Hands». 1990 Création des «Philosophiques», «Commedi», «Mona Lisa» et «Divina. 1991 Création de la «Dual Time – Minerva». 1992 Création de la «Power» et de la «Transworld». 1993 Création de la «Daily» et de la «Mobil». 1994 Création de la «Night & Day» et de la «Janus Dual Face – Universal». 1995 Diverses créations de montres «Symboliques». 1996 Prix Gaïa, Musée de la Chaux de Fonds - Création de la «52». 1997 Création du «Régulus» - Tourbillon régulateur. 1998 Création de l’ «Horus». 2000 Création de la «Vincent» et de la «2T». 2001 Création de la «Sun-Tral», des «Jumping Hour» et «GoldPfeil Jumping Hour-PAMP» et de la «Jumping Hour - Bell & Ross». 2002 Diverses créations de mécanismes et de montres «Spatiales». 2003 Diverses créations de mécanismes et de montres «Spatiales». 2004 Création de la «Demos» et de NHC, la nouvelle marque de V. Calabrese, avec nouveautés mondiales. 2005. Collection Ora - Affichage vagabond de messages 2007. «Carrousel 1 minute – Blancpain». 2008 Entrée chez Blancpain comme créateur constructeur. En 2012, Vincent Calabrese retrouve son indépendance et reprend l’affaire de construction d’horloges de son ami Jean Kazes.

Prix Gaïa 2014 à un membre de l’AHCI
Le 18 septembre dernier s’est tenue au Musée international d’horlogerie (MIH) de La Chaux-de-Fonds la vingtième édition du Prix Gaïa. Créé en 1993 par le MIH, et seul en son genre, ce Prix a la particularité de distinguer les meilleurs parmi les meilleurs ayant contribué à la notoriété de l’horlogerie, de son histoire, de sa technique ou de son industrie. Le Prix Gaïa prime trois catégories d’acteurs horlogers. C’est avec le désir d’honorer des horlogers créatifs et audacieux, œuvrant pour certains dans un relatif anonymat - leurs noms étant discrètement associés à de grandes entreprises -, qu’a été créée la catégorie Artisanat et création. Kari Voutilainen en est le lauréat 2014.Né en 1962 à Rovaniemi (Finlande), Kari Voutilainen suit une formation à l’école d’horlogerie finlandaise de Tapiola, mondialement réputée, puis des études commerciales. Horloger indépendant en Finlande, il met un pied en Suisse en 1988 pour suivre tout d’abord un cours de perfectionnement au WOSTEP (Watchmakers of Switzerland Training and Educational Program), à Neuchâtel. Il y fréquente ensuite le cours consacré aux montres compliquées. En 1990, il est engagé par la maison Parmigiani, poste qui lui permet de s’adonner à la restauration de montres compliquées et exceptionnelles. Il s’implique également dans la création de pièces uniques et originales.
Enseignant au WOSTEP entre 1999 et 2002, Kari Voutilainen fonde ensuite l’atelier Artisan d’horlogerie d’art Voutilainen à Môtiers, dans le Val-de-Travers. Trois ans plus tard, il présente pour la première fois ses œuvres à Baselworld. Membre de l’Académie des horlogers créateurs indépendants (AHCI) dès 2006, il est promu horloger de l’année par l’Association finlandaise des horlogers en 2007. En 2013, il reçoit le Prix de la montre homme au Grand Prix d’horlogerie de Genève. Aujourd’hui, l’atelier Artisan d’horlogerie d’art Voutilainen compte quinze collaborateurs et fabrique environ 45 montres par année – des pièces uniques ou de très petites séries – dans le respect de la tradition horlogère et du travail de qualité.