25 septembre 2014 |
La Revue POLYTECHNIQUE 09/2014 |
Flash
Métiers du bâtiment: apprentis à la dérive
Résiliations de contrats d’apprentissage, potentiels des apprenants inexploités… Les métiers du bâtiment en Suisse ne sont pas seulement confrontés au manque d’intérêt des jeunes pour les formations proposées dans ce secteur d’activité, mais également à des problèmes en ce qui concerne les jeunes sous contrat d’apprentissage. Le choix erroné de la profession ainsi que des conditions de travail et de formation moins favorables renforcent de manière significative la probabilité de résiliation d’un contrat d’apprentissage. C’est ce qui ressort d’une étude réalisée par la Société Suisse des Entrepreneurs (SSE) et de la Fédération Infra (organisation professionnelle des constructeurs suisses d’infrastructures). Les apprentis maçons (CFC), aide-maçons (AFP), constructeurs de routes (CFC) et assistants-constructeurs de routes (AFP) ont été interrogés au moyen d’un questionnaire sur les raisons les ayant amenés à dénoncer leur contrat.
En effet, en dépit du grand engagement déployé par de nombreuses entreprises, un contrat d’apprentissage sur cinq est résilié dans le secteur principal de la construction; un nombre important de jeunes change d’entreprise ou d’orientation professionnelle, alors que d’autres convertissent leur contrat de trois ans en un contrat de deux ans sanctionné par une attestation de formation professionnelle (AFP) en lieu et place de CFC.
Selon l’étude, les contrats sont dénoncés en particulier par des jeunes issus de couches sociales défavorisées et qui ne bénéficient pas pleinement de l’appui souhaité, notamment en termes de compétences sociales. Certes, ils indiquent avoir choisi la bonne profession, mais n’ont en revanche pas été en mesure de s’intégrer pleinement au sein de l’entreprise. Etant pénalisés dans le système de formation, ces jeunes ont des compétences inexploitées à l’état brut et qu’il s’agit de révéler. Lorsqu’ils commencent leur apprentissage, ils attachent de l’importance à trouver un bon climat de travail, caractérisé par de la confiance, par une culture du dialogue ainsi que par des règles claires et nettes. L’élément décisif, c’est l’établissement d’une bonne relation entre les formateurs et les apprentis, comme l’indique l’étude. Un résumé de cette étude a été envoyé à toutes les entreprises membres de l’association afin qu’elles puissent tenir compte de ces conclusions dans leur quotidien. En ce moment, la SSE, avec le concours de ses sections cantonales, s’emploie à définir un paquet de mesures qui permettront aux entreprises formatrices, lors du recrutement, de détecter le potentiel inexploité des futurs apprentis et de les encourager au bon moment afin d’optimiser la qualité de la formation sur les chantiers. Pour conclure, on peut dire que les entreprises formatrices prennent leur obligation de formation très au sérieux de sorte que, dans l’ensemble, les apprentis placés sous leur responsabilité réussissent leurs examens de fin d’apprentissage.