Parc naturel du Jorat : premières données scientifiques
Trois ans après sa reconnaissance en tant que parc d’importance nationale, le Parc naturel du Jorat publie un premier ensemble de résultats scientifiques issus de ses suivis écologiques. Ces données de référence permettront à long terme d’observer l’évolution de cet espace forestier emblématique situé aux portes de Lausanne. L’approche adoptée, fondée sur des protocoles reconnus, s’inscrit dans une démarche rigoureuse de suivi environnemental.
Lancée en 2021, la stratégie de suivi scientifique du Parc naturel du Jorat repose sur un cadre méthodologique inspiré de l’approche Pression-État-Réponse, élaborée par l’OCDE pour évaluer l’efficacité des politiques publiques environnementales. Cette méthode permet de documenter de manière structurée l’impact des usages humains, l’état des milieux naturels et les mesures mises en place pour les préserver.
Les résultats couvrent à la fois l’aire protégée, classée réserve forestière naturelle, et la zone de transition du parc. Ils ont été recueillis grâce à un réseau de collaborations avec des institutions académiques, des biologistes de terrain, ainsi qu’avec la Ville de Lausanne et l’État de Vaud. Le tout est désormais accessible au public sur le site officiel www.jorat.org.
Une forêt en héritage, encore marquée par son passé
Les premières observations révèlent une empreinte encore nette de la gestion sylvicole historique, avec un volume de bois mort relativement bas. Ce facteur est déterminant dans l’évaluation de la maturité écologique des forêts, car il conditionne la présence de nombreuses espèces liées à la décomposition du bois, comme certains coléoptères ou champignons. En dépit de ces signes d’anthropisation, la diversité observée reste typique des forêts du Plateau suisse, exploitées depuis plusieurs siècles.
Des milieux humides à haute valeur écologique
Le Parc naturel du Jorat se distingue également par la densité de ses mares forestières : 27 sites ont été recensés, soit près de 3 mares par kilomètre carré. Ces zones humides, entretenues et restaurées depuis les années 1990, jouent un rôle écologique important pour les amphibiens et autres espèces dépendantes de l’eau et du bois mort. Plusieurs espèces menacées ou vulnérables, inscrites sur la Liste rouge suisse, y ont été identifiées.
Un massif à vocation régionale
Outre les aspects écologiques, les suivis ont aussi porté sur la fréquentation humaine du site. Grâce aux données récoltées par des éco-compteurs et à une enquête réalisée auprès des promeneurs, il apparaît que la majorité des visiteurs (près des trois quarts) sont issus de l’agglomération lausannoise et des communes proches. Une fréquentation régulière est observée tout au long de l’année, avec près de la moitié des personnes interrogées déclarant s’y rendre au moins une fois par semaine.
Des perspectives pour la naturalité à long terme
Avec l’engagement de la Ville de Lausanne en faveur d’une mise en réserve forestière sur une durée de 50 ans, les milieux forestiers du Jorat sont appelés à évoluer. L’augmentation progressive du bois mort, la diversification de la lumière au sol et la recolonisation par des espèces pionnières devraient favoriser une dynamique écologique plus proche de celle d’une forêt spontanée.
La poursuite de ces observations permettra de mesurer, décennie après décennie, l’impact de ces décisions sur la biodiversité locale. Le Parc naturel du Jorat entend ainsi s’inscrire dans une tradition de suivi environnemental à long terme, inspirée notamment par l’expérience du Parc national suisse, dont les relevés scientifiques ont débuté il y a plus d’un siècle.