25 août 2013 |
La Revue POLYTECHNIQUE 05/2013 |
Rétrospective
Rétrospective (5/2013) – La Revue en 1943
Les véhicules électriques
Parmi les applications de l’électricité qui se sont particulièrement développées au cours de ces dernières années, on peut ranger les camionnettes électriques. Qui n’a remarqué, dans nos grandes villes surtout, ces petits véhicules souples et silencieux, aux formes ramassées et où la place perdue paraît être réduite au minimum. Peints de couleurs vives, ils attirent les regards et souvent jettent une note gaie dans la grisaille d’une sombre journée.
On peut se demander pourquoi, en Suisse tout spécialement, ils n’ont pas conquis plus tôt droit de cité. Cela tient au fait que, trop fréquemment, on n’apportait pas à la batterie les soins indispensables. Or, dans ce domaine, on fait aussi des progrès. La batterie d’accumulateurs constitue en effet le point délicat du véhicule électrique. Il ne suffit pas de disposer d’une source de courant continu, de mettre le contact et de ne plus s’occuper de rien. La charge et la décharge d’une batterie obéissent à des lois déterminées et nécessitent quelques précautions. Si l’on veut bien les observer, on n’éprouve pas de déboires et le véhicule est toujours en ordre de marche.
Des études comparatives ont prouvé que c’est celui dont l’exploitation se révèle aujourd’hui la plus économique. Etant donné, d’autre part, qu’une camionnette électrique peut faire 40 à 60 km sans recharge, son rayon d’action est suffisant dans bien des cas. Tout milite par conséquent en faveur de ce moyen de transport pour certaines marchandises. Il est destiné à rendre de très grands services, il fait appel à notre houille blanche et, même après la guerre, il ne peut que poursuivre son essor.
Un monstre fort utile: la locomotive hybride
On a vu dans les illustrés le portrait de cette drôle de bête qu’on nomme techniquement «locomotive hybride»: une locomotive à vapeur d’ancien modèle munie d’un parallélogramme de locomotive électrique, mais n’en crachant pas moins la fumée par sa cheminée. On imaginait mal la raison de cette idée bizarre. Les CFF manquaient-ils à ce point de locomotrices, et de possibilités d’en construire, qu’il leur fallût recourir à de pareils expédients? Tel n’est pas le problème.
(…)
La locomotive hybride, qui est bel et bien une locomotive à vapeur, mais chauffée à volonté et alternativement, au charbon et à l’électricité, par prise de courant sur ligne aérienne, permet de n’employer le précieux combustible que sur les tronçons non électrifiés, et de recourir chaque fois qu’il est possible à l’électricité pour entretenir la température de la chaudière.
Deux locomotives de manœuvre ont été transformées de la sorte jusqu’à présent. Les résultats sont satisfaisants. Cependant, les transformations coûtant fort cher, il n’est pas certain qu’on multiplie l’expérience. Il semble en tout cas que la locomotive hybride restera un de ces nombreux «monstres» nés de la guerre, destinés à disparaître sitôt revenues des conditions normales d’approvisionnement en combustibles.