Science de la donnée et renseignement criminel

À l’heure où le monde de la donnée envahit nos activités quotidiennes jusqu’à transformer nos sociétés, le concept d’intelligence criminelle fondé sur une vision par anticipation apparaît comme une perspective intéressante pour les forces de l’ordre. Forte d’une expérience de près de 30 ans, la vision pro active de la criminalité a connu ses premières expériences dans le monde anglo saxons avant de progressivement se propager à différents pays. Intégrant à la fois la sécurité publique et l’investigation judiciaire, le renseignement criminel se situe à la croisée de la police administrative et de la police judiciaire. Cette double identité n’est cependant pas toujours aisée à satisfaire en raison de l’étanchéité qui existe entre ces deux formes de droit, notamment en France. Pourtant, par l’intermédiaire de méthodes mathématiques émergentes autour de l’intelligence artificielle, il est parfaitement possible de développer une approche par anticipation en satisfaisant à la fois à des objectifs préventifs et répressifs. La question est alors de savoir où se situe le pouvoir et l’autonomie de la décision dès lors qu’une analyse délivrée par des algorithmes d’apprentissage offre une capacité à décider objectivement et rapidement. L’homme peut-il véritablement demeurer maître de sa décision? C’est tout l’objet de cet article qui après avoir présenté le développement de l’analyse pro active de la criminalité à l’échelle internationale s’intéresse aux applications concrètes qui en découlent ainsi qu’à la délicate question de l’autonomie de la décision.