23 décembre 2019 |
La Revue POLYTECHNIQUE 10/2019 |
Horlogerie
Une entreprise valaisanne lance l’or 24 carats à forte dureté
Georges Pop
L’or 24 carats est composé d’au moins 99,9 % d’or pur. Il est de couleur jaune vif comme les pépites d’or que l’on trouve à l’état brut. Mais il était jusqu’ici inexploitable en joaillerie ou en microélectronique car il est trop tendre et montre une fâcheuse tendance à se déformer. Or l’entreprise Mimotec, basée à Sion en Valais, annonce être parvenue à élaborer un or 24 carats à forte dureté destiné à l’habillage horloger; mais pas seulement !
Membre du groupe Acrotec de Develier (BE), spécialisé dans la fabrication de composants de précision, la société Mimotec se présente comme une experte dans les domaines de la microtechnique et de la micromécanique. Sa production va des micro-pièces destinées à l’horlogerie à des micro-moules d’injection plastique, en passant par des solutions d’authentification applicables autant sur des composants micromécaniques que sur des pièces injectées en plastique. En parvenant à fabriquer de l’or 24 carats à forte dureté, l’entreprise sédunoise certifie avoir créé un «nouveau matériau» aux perspectives prometteuses.
| L’or 24 carats de Mimotec est prioritairement dédié aux composants d’habillage horloger. (Courtoisie d’Audemars Piguet) |
Produit par électroformage – une technique qui consiste à effectuer un dépôt métallique sur un support – selon une méthode qui reste évidemment secrète, l’or 24 carat de Mimotec offre une pureté de 99,96 %. Mais il est plus dur que le laiton, alliage de zinc et de plomb dont la ductilité et la malléabilité sont appréciées, notamment dans l’industrie du décolletage ou dans la fabrication de pièces de monnaie. Selon ses inventeurs, il offre, en outre, une dimension économique intéressante dans la mesure où les composants obtenus par croissance de matière ne produisent aucun déchet. En conséquence, le client ne s’acquitte que du prix de l’or livré.
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L’or 24 carat à forte dureté est le fruit de cinq ans de recherches. Destiné prioritairement à l’horlogerie de luxe, il peut aussi intéresser le secteur de la microélectronique. (Courtoisie d’Audemars Piguet)
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Adrian Häubi, le directeur commercial de la PME valaisanne qui emploie à Sion une quarantaine de collaboratrices et collaborateurs très spécialisés, ne cache pas que le développement de ce «nouveau matériau» fut long et difficile: «Il nous a bien fallu cinq ans d’essais en galvanoplastie, avec nos sous-traitants hautement qualifiés, pour parvenir à ce résultat. Mais aujourd’hui nous sommes les seuls à pouvoir offrir ce produit.» Grégoire Genolet, le directeur de la recherche et du développement relève, pour sa part, que «les applications sont nombreuses, dédiées par exemple aux composants d’habillage horloger comme les appliques, le lettrage ou les aiguilles, mais aussi aux composants fonctionnels comme les roues dentées. Avec notre or 24 carats, le résultat est beaucoup plus fin. L’horlogerie haut de gamme est naturellement le premier marché visé par ce produit», précise-t-il.
Les dirigeants de Mimotec n’entendent cependant pas se cantonner dans le domaine horloger, qui reste néanmoins leur cœur de cible. Ils considèrent que leur or 24 carats à forte dureté peut également leur ouvrir les portes de la micromécanique et de la microélectronique, dans le domaine des contacteurs, par exemple, en Suisse mais aussi à l’étranger. Les deux responsables reconnaissent d’ailleurs que des contacts sont en cours. «Nous sommes déjà sollicités, notamment par une entreprise de microélectronique», confient-ils.
Ils n’ont diront guère plus pour le moment !
Adrian Häubli
Directeur commercial de Mimotec
Adrian.haubli@mimotec.ch
Tél. 027 329 09 09
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