Une nouvelle ère pour les puces photoniques

© CSEM – Alexandre Pauchard, CEO du CSEM, et Hamed Sattari, fondateur et CEO de CCRAFT, dans la salle blanche du CSEM tenant une plaque de TFLN. CCRAFT, après des années de développement, passe désormais à l’échelle industrielle.Issue de six années de recherche menées au sein du CSEM, la technologie de CCRAFT a déjà fait ses preuves à travers une phase de production pilote. Aujourd’hui, l’entreprise basée à Neuchâtel se prépare à franchir un cap industriel, avec pour objectif la fabrication de plusieurs millions de puces photoniques par an d’ici 2030.

Une réponse technologique aux limites des plateformes actuelles

Alors que la demande en transfert de données explose, notamment sous l’effet de l’essor de l’intelligence artificielle, les technologies photoniques classiques – telles que la photonique sur silicium ou l’arséniure de gallium – atteignent leurs limites en matière de bande passante et d’efficacité énergétique. Selon certaines projections, les centres de données pourraient représenter plus de 20 % de la consommation électrique mondiale à l’horizon 2030.

C’est dans ce contexte que le TFLN s’impose comme une technologie de rupture. Ce matériau permettrait de multiplier par huit la vitesse des signaux optiques tout en réduisant jusqu’à dix fois la consommation d’énergie par rapport aux composants actuels. Grâce à ses propriétés électro-optiques exceptionnelles, sa faible perte optique et sa compatibilité avec les procédés de fabrication microélectronique, le TFLN ouvre des perspectives inédites pour les communications haut débit, mais aussi pour la détection avancée, le lidar, les systèmes spatiaux et les technologies quantiques.

« Le TFLN surpasse les plateformes conventionnelles sur de nombreux critères clés. Il permet une efficacité électro‑optique élevée, des pertes minimes, une large fenêtre de transparence et une intégration facile avec les circuits électroniques », explique Hamed Sattari, CEO de CCRAFT. « Nous avons produit des milliers de puces photoniques pour plus de 40 partenaires. Nous sommes aujourd’hui prêts à passer à la vitesse supérieure. »

Une production évolutive, un outil industriel pour l’Europe

CCRAFT propose à ses clients une plateforme complète de conception (PDK) pour la modélisation et le test de circuits photoniques personnalisés. Chaque puce est conçue avec précision afin d’assurer des performances fidèles aux simulations. L’entreprise propose également des plaques multiprojet (MPW) pouvant contenir jusqu’à 800 circuits distincts, accélérant considérablement les phases de prototypage.

Avec des ambitions mondiales, CCRAFT prévoit d’installer de nouvelles lignes de production à Neuchâtel pour atteindre une capacité annuelle de 12 millions de puces d’ici 2030, captant potentiellement jusqu’à 30 % du marché mondial des circuits TFLN.

« Contrairement à d'autres acteurs encore en phase de levée de fonds ou limités à des services dits “virtuels”, nous sommes la première fonderie prête pour la production industrielle de puces photoniques TFLN », affirme Sattari. « Notre partenariat étroit avec le CSEM nous a permis de passer rapidement de la R&D à l’industrialisation. »

Un levier stratégique pour la souveraineté technologique européenne

Le lancement de CCRAFT illustre également le rôle structurant du programme de valorisation du CSEM, qui accompagne les start-up suisses à fort potentiel technologique. Pour Bahaa Roustom, vice-président Marketing & Développement Commercial du CSEM, l’enjeu dépasse la réussite d’une seule entreprise :

« En créant CCRAFT, nous dotons la Suisse et l’Europe d’une capacité de production stratégique dans un domaine où la souveraineté technologique devient cruciale. Grâce à notre expertise et à des projets Horizon Europe, CCRAFT est bien positionnée pour devenir un leader mondial dans le traitement optique de l’information à haute performance. »

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