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22 janvier 2016 | La Revue POLYTECHNIQUE 11/2015 | Économie

Valorisation des métiers techniques

Pour pallier au manque de ressources humaines en matière de métiers techniques dans l’industrie, les ministres de l’économie des quatre cantons de Vaud, Jura, Berne (pour le Jura bernois) et Neuchâtel ont décidé la mise en place d’un projet de valorisation des métiers techniques. Ce projet vise à améliorer l’image du tissu industriel de l’Arc jurassien et des métiers techniques, faire découvrir ces derniers et leurs perspectives personnelles et professionnelles et finalement augmenter le nombre de jeunes en formation, en fédérant tous les acteurs impliqués.
Si les buts de ce programme sont assez simples, sa mise en place implique de très nombreux contacts à tous les niveaux de la chaîne de l’enseignement, de la formation et finalement de la production dans les domaines techniques. Pierre-Yves Kohler, directeur de la FAJI, nous précise en préambule: «Toute cette action se fait sous la bannière #bepog – be part of the game. Avec une communication orientée vers les jeunes, nous voulons démontrer que les métiers techniques ont beaucoup de potentiels et offrent un avenir à qui s’y destine».

 
Pour assurer une campagne de communication au plus près de la réalité, le projet #bepog présente des jeunes qui suivent des formations techniques en Suisse romande.
 

Le manque de main d’œuvre qualifié et la désindustrialisation
Au fil de son histoire récente, l’Arc jurassien s’est désindustrialisé, la proportion d’entreprises de ce domaine étant passée de plus de 40 % à 25 % environ. Les causes en sont multiples et cette tendance doit s’inverser si l’on veut que la Suisse, et notamment la région des microtechniques, continue de se positionner sur les marchés internationaux. La Suisse y est d’ailleurs reconnue comme numéro un de l’innovation, de la précision et de la qualité. Ce sont des atouts non négligeables.
Qui parmi les entreprises actives dans l’industrie n’a jamais eu de problème de recrutement ? C’est un fait avéré, le nombre de professionnels de ce domaine se réduit d’année en année, les nouveaux formés n’arrivent pas à compenser les départs naturels. De nombreux responsables d’entreprises contactés dans le cadre de ce projet le confirment, les métiers techniques intéressent de moins en moins de monde.
 
Une partie de la campagne de valorisation repose sur les jeunes eux-mêmes et par l’utilisation des réseaux sociaux.
 

Changer les mentalités
Et si les jeunes ont une vision poussiéreuse des métiers techniques, c’est souvent encore bien pire chez leurs parents ou leurs professeurs qui voient toujours les ateliers tayloriens du début du siècle: sombres, sales, huileux et dans lesquels se déroulent des tâches répétitives ennuyeuses. Alors certes les fluides d’usinage existent toujours et un copeau reste un copeau, mais les professions ont largement évolué. Le travail d’usinage par exemple, se réalise majoritairement sur des machines dotées d’une commande numérique, avec des logiciels de programmation très avancés et il n’est pas rare que de jeunes professionnels soient responsables de plusieurs machines d’une valeur de plusieurs centaines de milliers, voire de millions de francs.
«L’image que se fait le grand public est éloigné de la réalité», précise Pierre-Yves Kohler qui ajoute: «Nous avons interrogés des apprentis décolleteurs et avons été impressionnés. Ils sont très motivés, positifs et convaincus que leur futur métier leur ouvrira des portes et leur assurera un avenir. Ils ont également mentionné leur surprise concernant l’aspect hautement technique de leur formation».
 
Tous les objets de la vie quotidienne ont commencé par les métiers techniques.  Ainsi ce sont plusieurs professions techniques qui sont, par exemple, à la base des casques audio que les jeunes apprécient.
 

Un projet qui nous concerne tous
Le projet #bepog a donc pour but de valoriser les métiers techniques et pour ce faire, de permettre aux différents publics (voir encadré) d’être en contact avec l’industrie. «Il s’agit principalement d’actions de communication qui visent à mettre en relation des publics qui ne sont habituellement que peu en contact, par exemple les professeurs avec les industriels ou les élèves avec les apprentis. Ainsi chacun peut mieux se rendre compte des besoins de l’autre» ajoute Pierre-Yves Kohler. Mais alors concrètement comment ça marche ?
La première étape du projet a été de compiler toutes les actions de promotion et de valorisation des métiers techniques dans l’arc jurassien, puis sur cette base, un catalogue d’activités a été réalisé. Ce dernier comporte une trentaine de mesures. Le directeur de la FAJI explique: «Nous souhaitons que les entreprises fassent bon accueil aux activités #bepog! Ce n’est pas toujours évident pour un responsable de PME de dégager du temps pour, par exemple, accueillir une visite de quelques enseignants ou d’élèves. Dans tous les cas, il est important qu’ils sachent que le label #bepog est la marque d’un projet sérieux qui travaille pour l’avenir de toute la branche dans l’arc jurassien et en Suisse romande». Les publics intéressés par l’une ou l’autre des activités y trouvent toutes les informations nécessaires.
 
Les métiers techniques souffrent d’une image négative, mais les ateliers d’aujourd’hui n’ont plus rien avoir avec ceux d’antan. À titre d’exemple, à l’entreprise Tavadec (Tavannes), la propreté du sol en parquet n’a rien à envier de celle d’une maison d’habitation.
 

Une campagne suisse-romande et un financement assuré
Il semblait dommage de développer un tel label et de ne pas en profiter dans toute la Suisse romande. Pour cette raison, en collaboration avec GIM.ch et SwissMem, FAJI SA a fondé la Fédération romande de valorisation des métiers techniques. Cette dernière est le relais du projet #bepog en Suisse romande. «Pour la première fois, avec #bepog tous les cantons romands sont réunis derrière une même bannière. Ceci va nous permettre d’avoir une meilleure visibilité et d’être plus efficace», explique Loïc Viret, représentant de GIM.ch et fondateur de la fédération.
Le projet, soutenu par les cantons de l’Arc jurassien, dispose certes d’un financement sous l’égide de la nouvelle politique régionale, mais une bonne partie repose sur des financements privés. «Nous recherchons toujours des partenaires qui souhaitent s’associer à ce projet d’importance», conclut Pierre-Yves Kohler.
 

Des mesures pour quatre publics
Le projet identifie quatre publics principaux et propose des mesures pour chacun: les élèves à l’école (mesures pour les classes), les élèves en dehors du temps scolaire, les filles et les adultes (enseignants principalement, mais également les offices d’orientation et les parents). Le catalogue propose des activités et donne toutes les informations pour leurs mises en place, par exemple, les modalités, les partenaires, les contacts à avoir ou encore les avantages pédagogiques. Comme ces activités font partie du programme de valorisation des métiers techniques sur l’arc jurassien soutenu par la confédération et les quatre cantons, elles sont gratuites pour les intéressés.
Quelques liens utiles :
www.bepog.ch -
https://www.facebook.com/bepogch
https://instagram.com/bepog

https://twitter.com/bepogch

 

FAJI SA
FAJI SA est une société anonyme d’utilité publique ancrée dans l’Arc jurassien dont le but est le renforcement du tissu industriel de sa région. À cet effet, FAJI SA soutient l’industrie des microtechniques et ses débouchés dans l’horlogerie, la mécanique, le décolletage, l’électronique, l’automobile, l’aéronautique, la mécatronique ou les medtechs. Elle contribue à la mise en valeurs des spécificités économiques de l’Arc jurassien tant au niveau régional, national qu’international. Elle organise notamment le salon SIAMS.
FAJI SA est l’organe opérationnel de la Fondation Arc Jurassien Industrie (FAJI), créée en 2007 par des acteurs économiques majeurs des cantons de Neuchâtel, Berne et Jura.
En 2015 FAJI SA met en place la campagne de valorisation des métiers techniques #bepog.

 

FAJI SA
2735 Bévilard
Tél.: 032 492 70 10
www.faji.ch