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26 août 2019 | La Revue POLYTECHNIQUE 05/2019 | Astronomie

Vingt ans d’observations pour de nouvelles planètes

Une équipe d’astronomes dirigée par l’Université de Genève a découvert cinq nouvelles planètes dont les périodes de révolution se situent entre 15 et 40 ans. Il aura fallu 20 ans d’observations régulières pour obtenir ce résultat.
Si plus de 4000 exoplanètes ont été découvertes depuis la première en 1995, l’immense majorité d’entre elles tournent autour de leur étoile avec des périodes de révolution relativement courtes. En effet, pour être certain de la présence d’une planète, il faut attendre qu’elle ait effectué une ou plusieurs révolutions autour de son étoile. Ceci peut prendre quelques jours pour les plus proches de leur étoile, mais des dizaines d’années pour les plus éloignées. Ainsi, Jupiter met onze ans pour faire le tour du Soleil.

 
Le télescope EULER, installé à l’Observatoire de la Silla au Chili. (© ESO/B. Tafreshi. twanight.org)
 
 

Un télescope dédié à la recherche des exoplanètes
Seul un télescope dédié à la recherche des exoplanètes peut réaliser de telles mesures sur d’aussi longues périodes, ce qui est le cas du télescope EULER de l’Université de Genève (UNIGE), situé à l’Observatoire de la Silla au Chili. Ces planètes à longues périodes de révolution intéressent particulièrement les astronomes, car elles font partie d’une population mal connue mais indispensable pour expliquer la formation et l’évolution des planètes. Comme l’explique un article publié dans la revue Astronomy & Astrophysics.
«Il aura fallu 20 ans et bien plus d’observateurs encore», commente Emily Rickman, chercheuse au Département d’astronomie de la Faculté des sciences de l’UNIGE et première auteure de l’étude. «Ce résultat aurait été impossible sans la disponibilité et la fiabilité du spectrographe CORALIE, installé sur le télescope EULER, un instrument unique au monde», poursuit-elle.
La grande majorité des exoplanètes découvertes depuis 1995 sont des planètes massives, proches de leur étoile. Ceci pour une simple raison: ce sont les plus faciles à détecter au moyen des techniques actuelles. Les planètes à longues périodes de révolution intéressent pourtant au plus haut point les astronomes, car plus éloignées de leur étoile, elles peuvent être observées grâce à des techniques d’imagerie directe. En effet, jusqu’à ce jour, la plupart des planètes ont été découvertes grâce aux deux méthodes indirectes principales: celle des vitesses radiales – qui mesure l’influence gravitationnelle d’une planète sur son étoile – et celle des transits – qui détecte la mini éclipse provoquée par le passage d’une planète devant son étoile.
 
Des planètes observées par imagerie directe
Principalement dédié à l’étude des exoplanètes, le télescope EULER ne dépend que du Département d’astronomie de l’Université de Genève. Dès sa mise en service en 1998, il a été équipé du spectrographe CORALIE qui permet de mesurer des vitesses radiales avec une précision de quelques mètres par seconde, permettant ainsi de détecter des planètes de masse aussi petite que Neptune. «Dès 1998, un programme de suivi de planètes a été instauré et exécuté scrupuleusement par les nombreux observateurs de l’UNIGE, qui se sont succédé toutes les deux semaines à La Silla pendant 20 ans», explique Emily Rickman.
Le résultat est remarquable: cinq nouvelles planètes ont pu être découvertes et les orbites de quatre autres connues ont pu être définies avec précision. Ces planètes ont des périodes de révolution comprises entre 15,6 et 40,4 ans, avec des masses allant de trois à vingt-sept fois la masse de Jupiter. Cette étude contribue à augmenter la liste des vingt-six planètes dont la période de révolution est supérieure à 15 ans. «Mais elle nous fournit surtout de nouvelles cibles pour l’imagerie directe», conclut la chercheuse genevoise.
 
Emily Rickman
Assistante
Département d’astronomie
UNIGE
Tél. 022 379 24 75
emily.rickman@unige.ch
 
Damien Ségransan
Maître d’enseignement et de recherche
Département d’astronomie
UNIGE
Tél. 022 379 24 79
Damien.Segresan@unige.ch